L'histoire :
Après leur séjour de tournage, la bande de Jimmy, Dana, James, Tina, Laurie et Brian se retrouvent pour un week-end camping randonnée jusqu'à un lac de montagne aux alentours du col Soqualmie. Marche, pêche et feux de camps sont au programme, et Brian, toujours un peu à part, tourne tout de même quelques scènes personnelles surtout dirigées vers Laurie, en plus des dessins qu'il lui consacre. Pendant ce temps, Dana et James se font remarquer par leurs ébats, tandis que Tina, qui avait déjà déclaré sa flamme à Laurie, s'en rapproche de plus en plus. ...Comment va réagir Brian ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mélangeant avec brio réalité et fiction/ phantasme, par le biais d'une mise en abîme cinématographique vue par les yeux d'un jeune adulte réalisateur perturbé, Charles Burns nous entraîne dans une zone envoutante, où le fantastique affleure seulement, directement connecté au cerveau parasité (par la passion) d'un des personnages. A l'inverse de ses précédentes histoires, souvent angoissantes et directement baignées dans l'étrange et l'horreur, Dédales, comme son nom l'indique, s'amuse à nous perdre. En effet, depuis le premier tome, le lecteur habitué des œuvres de l'auteur, guette l'arrivée du moment clé, de l'étrange, du personnage ou facteur horrifique qui fera basculer le récit. Là, au contraire, et telle la randonnée en lacets que suivent nos protagonistes, le malaise sourde au long des pages, bien que l'on comprenne enfin que le dénouement sera un peu plus « classique » que les plus habituelles fins en « queue de poisson ». La surprise viendra davantage de la rigueur et de la fluidité du récit, et des thématiques mêlées de la réalisation de film amateur - avec un superbe hommage à La Dernière séance de Peter Bogdanovich (1971) - de la déficience psychique liée à une vie familiale brisée et un amour contrarié, et davantage encore de la relation amoureuse lesbienne, assez peu abordée jusqu'alors par Charles Burns. La fin jouant à nouveau sur la mise en abîme cinématographique et les désirs contrariés nous emporte, concluant l'histoire de manière magistrale. Si nous n'avons pas trouvé la sortie du dédale...il suffit de l'inventer, nous intime l'auteur.