L'histoire :
Une femme gisant dans son lit. Les yeux fermés desquels perlent quelques larmes. Et une drôle de créature verte, sans visage, assise sur son lit et semblant partager sa peine. Une vamp qui se recoiffe dans sa chambre, épiée de l'extérieur de sa fenêtre par un homme dont la figure et les mains sont masqués par ses bandages... Un couple dont le nouveau né n'a rien d'humain... Une femme au regard fixe qui lit un livre dans son lit. Une autre qui déblaye un amas de pierres qui dévoile un trou dans la terre, comme une entrée de soupirail qui comporte une échelle de corde...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tous les lecteurs de Charles Burns scrutent chacune de ses publications. Love Nest n'échappe pas à la règle et ce petit album, au format presque carré (une quinzaine de centimètres de long pour à peine moins de large) s'avère être un nouveau bijou. Couplé à la sortie de Vortex, ce livre est déjà remarquable en cela que l'auteur américain en a réservé le contenu à l'éditeur Cornélius. Il regroupe 120 illustrations, bien sûr totalement inédites jusque là, qui s'inscrivent comme un hommage que l'américain rend à ses propres sources d'influences, voire à ses obsessions. Du cinéma des années 50 aux pulps, Charles Burns nous offre une sorte de revue de ce qui a marqué son imaginaire et grave par la même occasion la mémoire de son lecteur. Il propose une nouvelle fois une plongée dans le beau et l'étrange et le résultat s'avère fascinant. Avec une pléiade de scènes et autant de personnages étranges, il se dégage un grand mystère à mesure que chaque composition cède la place à une autre. Et on referme le bouquin en se disant qu'on a perçu quelque chose du sens, de la démarche de l'auteur, mais qu'il nous raconte aussi une histoire qui nous échappe. Alors on reprend ce drôle de livre, on observe des détails, une logique qu'on n'avait pas saisis à la première lecture. On recommence à contempler. On fait des liens entre les images et les personnages qui font des apparitions récurrentes. Mais le mystère demeure. Il y a autre chose encore. Tellement de choses encore inexpliquées, peut-être inexplicables... Un peu comme pour l'Amour. On sait qu'il est là, mais toutes ses formes restent indicibles. Alors on recommence à lire. Puis on recommence encore... pour retourner à ce Nid d'Amour.
