L'histoire :
Doug est à son bureau. Il regarde une photo de Sarah où elle est nue tenant un cœur percé par une lame... Johnny reprend ses esprits dans l'étrange monde apocalyptique où il a l'air quelque peu prisonnier. Après avoir traversé un quartier habité de prostituées en compagnie du petit homme qui l'accompagne depuis longtemps, il atteint une cabine dans laquelle se trouve une échelle. Johnny la descend et en suivant un plan, parvient à retrouver Suzy, une des gestatrices prisonnières du niveau 23. Il est venu lui apporter une boîte de chocolat ainsi que les numéros manquants des bandes dessinées qu'il lui avait apportées précédemment. Fatigué, Johnny s'allonge à côté de Suzy... Doug se réveille. Il est au lit et voit Sally, sa femme, se préparer à partir travailler. Le soir, il se rend à un concert en compagnie de Tina, autrefois la meilleure amie de Sarah. Cela fait un moment que Doug ne boit plus et lors de la soirée, il rechute en prenant quelques verres. Sally l'encourage à se confronter à son passé et aux maux qui le hantent. Doug doit revoir Sarah...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Charles Burns fait indéniablement partie de la crème des artistes indé de la scène comics américaine. Avec des influences venant plutôt de la musique que du 9ème art, il a su très vite se créer un trait original et immédiatement reconnaissable. Après le chef d'œuvre Black Hole, certains auront pu douter de la capacité de l'artiste à se renouveler. Or, avec Toxic, il a su imaginer un nouveau territoire d'exploration pour ses lecteurs. Calavera est le nom choisi pour le troisième et dernier volet de sa série. L'histoire était pour le moins complexe et fascinante jusqu'ici : nous y suivions la plongée en enfer (au sens imagé) de Johnny, l'alter ego de Doug, un trentenaire ayant l'air d'avoir vécu un réel trauma. Entre l'exploration des bribes de son passé et les maux qui le hantent dans le présent, l'aspect psychologique de ce personnage pouvait parfois être des plus piégeurs pour le lecteur. L'auteur s'amusait comme un petit fou à déstructurer son histoire pour mieux mêler les fils narratifs de son récit. Calavera donne enfin les clés de compréhension à ses lecteurs. Charles Burns ne s'est pas moqué d'eux puisque ce troisième opus fait la lumière sur les différentes interrogations apparues lors de la lecture des précédents volets. On comprend entre autre pourquoi Doug s'est terré dans le bureau du sous-sol de ses parents et comment s'est déroulé son amourette avec Sarah. Calavera bénéficie aussi des formidables dessins d'un Burns en grande forme. La mise en couleurs est parfaite et permet de ne pas étouffer le dessin soigné de Burns. On appréciera les clins d’œil glissés ici et là au Tintin d'Hergé. La série Toxic est au final l'épreuve d'une vie, celle de Doug mais être aussi de celles de ceux qui sont encore hantés par une ancienne histoire d'amour ou par ce qui y ressemble. Une expérience de lecture exigeante mais gratifiante, à savourer d'une traite si possible ou à redécouvrir à chaque lecture.