L'histoire :
Dans les rues de Gotham, une camionnette roule à grande vitesse. À son bord se trouve le Joker avec quelques-uns de ses hommes. Ils viennent de dévaliser une bijouterie. Les forces de police se sont lancées à leur poursuite mais essuient rapidement des salves ininterrompues de balles. Sur les hauteurs de la ville, observant une scène qu'il a déjà vécu bien trop de fois, Batman s'apprête à agir. Rapidement, remontant au niveau du véhicule du Joker, Catwoman, sur sa moto, exige que le criminel lui rende les bijoux qu'elle convoitait. Alors qu'elle esquive les tirs du Joker, le Chevalier Noir plonge sur la camionnette. L'intervention de Batman permet d'arrêter cette infernale course-poursuite qui se termine par la chute du Joker du pont Robert Kane. Retournant à sa base, celui-ci est de très mauvaise humeur. Il n'a plus le collier qu'il a dérobé pour l'anniversaire d'Harley Quinn. Après quelques excentricités, le Joker découvre à la télévision qu'une femme porte plainte contre Bruce Wayne sous prétexte qu'il serait le père de sa fille. Pourquoi ne pas kidnapper cette dernière ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dire que cet album était attendu est un euphémisme. Enrico Marini est un artiste chéri depuis des années par les amoureux de bandes dessinées franco-belge. Il cumule des indispensables comme Le Scorpion, Rapaces ou Les aigles de Rome, des titres au registre très différent. Lorsque l'on apprend qu'il revisite Batman, super-héros emblématique et culte de DC Comics, les fantasmes les plus inavouables se forment. Grand fan de comics, Marini raconte une histoire aux fortes senteurs de récit policier. Cela tombe bien car, avant d'être un justicier de l'ombre maîtrisant ses adversaires à coup de poing et autres coups de pied sautés, le héros est surtout un détective à l'intelligence redoutable et aux gadgets toujours avant-gardistes. Le scénario se focalise sur une fillette enlevée par le Joker et qui va pousser Batman à partir à sa recherche. D'une idée simple, l'auteur fait des miracles. Prouvant depuis des années sa maîtrise de l'art séquentiel, il découpe son histoire de façon méticuleuse et, surtout, la rend très immersive. Après deux scènes très courtes, l'album offre une séquence de course-poursuite spectaculaire durant laquelle gravitent le Joker, Catwoman et Batman. Cette chorégraphie parfaitement orchestrée nous plonge dans les rues de Gotham, ville extrême entre richesse et pauvreté. Progressivement, l'intrigue se met en place et ne déçoit pas. Assez classique dans son approche, l'auteur mise avant tout sur la cohérence et l'efficacité, ce qu'il parvient sans mal à réaliser. Marini nous permet en outre de profiter plus longuement du Joker, à travers des scénettes dans lesquelles sa folie est omniprésente. Respectant aussi bien les personnages que l'univers avec lequel il joue, Enrico Marini nous subjugue avec des dessins à la composition parfaite. Les cadrages sont impeccables, dynamiques, parfois aussi panoramiques. L'ensemble est soigné dans le moindre détail. Et que dire des choix de couleurs, si ce n'est que c'est toujours esthétique et réfléchi. Identité graphique forte et scénario racé, The Dark Prince Charming réconciliera deux publics très différents par ses qualités. Bravo et merci Monsieur Marini.