L'histoire :
Dave, un gentil ado, est de service chaque nuit au « Last stop », une épicerie de Los Angeles ouverte 24h sur 24. Et pour cause : il est un vampire, et ne supporte donc pas la lumière du jour, qui lui cause de terribles brûlures pouvant lui être fatales. Lui et la boutique « appartiennent » à son maître Radu, alias le prince Arisztidescu, expatrié roumain quadri-centenaire… Or, quand bien même Radu est un patron plutôt compréhensif (quoique proche de ses sous), rester l’esclave de ce dernier pour l’éternité n’est pas une perspective très réjouissante pour Dave. Surtout que notre jeune héros est… végétarien ! Un comble pour un vampire qui ne tolère que du sang frais pour unique nourriture. Résultat : il ingère des poches réfrigérées de sang coagulé, la seule substance qu’il peut avaler sans nausées. Heureusement, il tombe amoureux de Rosa, une jeune cliente mexicaine qui égaye ses nuits à l’épicerie, et qui appartient à une bande gothique. Dave confie ses états d’âmes à son pote vampire Jérôme, qui tient la boutique de photocopies pour le compte du même maître. C’est alors que Wes, un autre vampire de ses connaissances, adepte de surf et autrement plus prétentieux (et plus musclé aussi), décide de se mettre sur le coup…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entamée sur le ton de la chronique sociale (le job nocturne chiant d’un ado américain), ce one-shot suscite rapidement de l’intérêt, dès lors qu’on comprend que la plupart des protagonistes sont des vampires. Mais pas des vampires en jabot et cape noire avec du rimmel autour des zieux… Non, des vampires Monsieur-tout-le-monde, qui évoluent peinards, au milieu de nous autres vivants, s’adonnant aux nombreuses préoccupations insignifiantes de notre lot quotidien. Le dessin de Warren Pleece est d’ailleurs tout aussi « plat », se bornant à aligner des cases descriptives lambda sans grand souci de variations d’angle ou de découpage complexe (parfois plusieurs cases à la suite en « caméra fixe »). Ce « minimum syndical artistique », prenant la plupart du temps pour décor l’épicerie routière où bosse le héros, suffit néanmoins à raconter cette histoire un petit peu fantastique (sic). Si cette proximité, d’une fraîcheur inédite pour le genre, est l’atout principal du récit, elle montre aussi rapidement ses limites. En effet, à trop insister sur le désœuvrement de ces jeunes vampires ordinaires, les dialogues sont systématiquement futiles, lassant, bavards… très bavards… Ce verbiage a toutefois son utilité : il sert avant tout à « endormir » le lecteur dans une morne trivialité, avant de le réveiller en sursaut par une bonne grosse giclée d’hémoglobine. C’est tantôt Dave qui se fait transpercer le torse d’un coup de carabine, tantôt Wes qui décapite une copine en lui mordant le cou à pleines dents. Dans ces moments, les scénaristes Jessica Abel et Gabe Soria ne font pas dans la demi-mesure. La trame évolue ainsi, entre comédie de mœurs et clins d’œil vampiriques, jusqu’à un final relativement consensuel. A réserver aux… mordus du genre.