L'histoire :
Au IXe siècle, le prince Guiv se prépare à prendre connaissance de l’avenir de la cité de Marv. Mais sa méditation est interrompue par les coups sourds prodigués par un villageois, sur les lourdes portes qui ferment la citadelle dans laquelle le prince a pris ses quartiers. L’homme reconnaît en Guiv le prophète et donne l’alerte à ses concitoyens qui se pressent, alors, aux abords du monument. Dépassé par les événements, le prince assiste avec eux dans un mirage ahurissant à de biens sombres révélations : « un homme naîtra d’un ventre comme les autres à la 3e lune dans 241 années lunaires. Assassin de tous les gouverneurs et de tous les gouvernés. Un palais tombera… ». Quatre siècles plus tard, l’homme qui a élevé Ferdos évoque justement cette ancienne prophétie qui eu pour conséquence indirecte le massacre de 72 nouveaux nés. Conscient du risque qu’il encourt, le gouverneur de la cité décide, 17 ans plus tôt, de faire disparaître tous les garçons qui naissent le jour où doit se réaliser la prédiction. Seuls, la ténacité d’une mère et le courage d’un jeune gardien des eaux, permettent à un nouveau né de survivre. Ce miraculé n’est autre que Ferdos que son sauveur s’empresse alors de cacher. Tout semble bien confirmer que Shirin et son ami s’apprêtent à faire sonner le glas de la révolte d’un peuple opprimé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois l’effet de surprise totalement digéré, après avoir fini la plaisante lecture du premier tome, cette fin de diptyque se devait de confirmer nos attentes. En utilisant les mêmes atouts que son prédécesseur, cet opus transforme, effectivement, l’essai. La principale difficulté résidait dans la construction d’un récit cohérent et un tant soit peu fidèle au jeu vidéo. Sans faire de ces deux volumes une œuvre révolutionnaire, les auteurs ont réussi leur pari en livrant une histoire qui suscite jusqu’à la dernière page tout notre intérêt et retombe très habilement sur ses pieds (et ceux du jeu) : un savant équilibre entre légende orientale, récit fantastique, romance et histoire avec un final inattendu et bluffant. Le découpage savonneux du conte, qui utilise des allers-retours permanents entre les deux époques, est bien maitrisé et rend la lecture plus fluide qu’on aurait pu le penser. Enfin le graphisme moderne (nouvelle école) nerveux, incisif, surmonté d’une mise en couleur élégante assoit l’originalité de cette adaptation à mille et une nuits d’une pixellisation de jeu vidéo. Ce second volume est agrémenté d’une postface dans laquelle Jordan Mechner nous conte la genèse de son rejeton : une belle aventure qui n’a pas à rougir de sa présente adaptation.