L'histoire :
Huey est bien embêté. Lorsqu’il appelle le disquaire pour offrir un CD de blues à son grand-père en cadeau d’anniversaire, on ne lui propose rien de mieux que… Eric Clapton ! Preuve est faite que l’Amérique part à volo. Toute réponse argumentée doit désormais tenir compte des effets destructeurs de la politique affligeante conduite par l’administration Bush. Afro-américain vivant dans une banlieue privilégiée, Huey décide d’organiser la résistance. Une résistance active et constructive malgré le militantisme jusqu’au-boutiste de son frère Riley, mal perçu par la population. Premier combat : la libération du rappeur Shyne, fut-il condamné justement ou non. Seconde étape, le comité de libération battant de l’aile : s’informer afin de se prémunir contre toute attaque. Là, le net devient une source de renseignements incontournable. On y apprend ainsi les complots et supers maladies mises au point par le gouvernement, ou encore que le monde n’a plus que 6 mois devant lui ! L’important est surtout de rester constamment en éveil si l’on souhaite garder les idées claires et palier à l’incurie d’une communauté noire maintenue en bas de l’échelle… Plus que 6 mois à vivre ? Et merde, on ne saura pas si Star Wars épisode 2 est encore pire que le premier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si un Américain (« Etats-unien », en fait) lisait une bande dessinée franco-belge d’actualité politique, il y a fort à parier qu’il n’y pigerait pas grand-chose. Les blagues et allusions bien senties lui sembleraient sans doute très étrangères, limite extra-terrestres. Par chance (?), l’inverse n’est point vrai. Nous, petits Français, sommes nourris à la culture importée d’outre-atlantique depuis notre plus tendre enfance (TV, ciné, musique…) : par dommage collatéral interposé, ce qui touche la première puissance (impérialiste) mondiale nous concerne. Cette longue introduction afin d’expliquer que, bien que très encrés à l’Ouest, les strips satiriques signés Aaron Mr Gruder font mouche, même sur le vieux continent. The Boondocks votent démocrates (du moins anti-Bush), militent pour la juste reconnaissance d’une minorité (noire) qui ne s’aide pas toujours, participent au système qu’ils décrient. Bref, Huey et ses frères ouvrent leur gueule à tort et à travers. D’humeur aigrie, les yeux froncés, suspicieux ou abasourdis, ils sont les poils à gratter de l’actualité bien pensante américaine. Ils dérangent et font rire jaune. Meurs Hollywood rassemble des strips réalisés en 2001, avant et après le 11 septembre : l’occasion d’aborder une date charnière (pour la série aussi) et d’en saisir la radicalité des conséquences sociétales, de manière iconoclaste. Grinçant et communautaire.