L'histoire :
Greta s’occupe de son père depuis quelques années maintenant et à l'occasion des 90 ans du patriarche, elle sollicite ses frères et sœurs pour qu'ils viennent lui souhaiter un bon anniversaire. Le vieil homme ne parle plus depuis sa dernière attaque cardiaque, mais il a accumulé un petit pactole, dont certains de ses héritiers s'empareraient volontiers. La première arrivée est Selena, une jolie femme travaillant dans un magasin de vêtements, qui accepterait d'un bon œil ce petit pécule, afin de quitter son petit ami alcoolique. Viennent ensuite sa sœur Molly, accompagnée de son mari Charlie et de leur fille Sherry. Ceux-ci sont venus afin de montrer leur réussite sociale au reste de la famille. C'est le tour d'Al, leur frère, qui vient de l'autre bout du pays. Il prétend être le propriétaire de plusieurs forages pétroliers, ce qui est faux. Lui aussi vient pour l'héritage. Sammy, le fils d'Al, les rejoint. Ce dernier est en pleine dépression depuis la mort de sa mère et vit dorénavant seul. Le dernier arrivé est Léo, l'avocat. Tous les enfants du patriarche sont enfin là, les affaires de familles vont pouvoir ressortir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Année après année, la collection Contrebande s’enrichit de la réédition des œuvres du grand Will Eisner. Celui qui a permis à la bande dessinée américaine de gagner ses galons est un formidable conteur du quotidien (il faut lire sa trilogie new-yorkaise). Ici, il narre sur 80 pages le déroulement d'une fête d'anniversaire organisée pour un patriarche de 90 ans en très mauvaise santé. Ses enfants se remémorent des souvenirs passés, douloureux ou non, et nombreux d'entre eux sont uniquement motivés par l'héritage. Entre convoitise et frustration, les personnages ne manquent pas de piquant. Le portrait de famille dépeint par Eisner est très réussi. Le choix du huis-clos (l'appartement de Greta) renforce les nuances et fait du vieillard un drôle de spectateur. L'auteur laisse en suspens de nombreux sous-entendus et insiste sur les contradictions de l'humanité. On regrettera cependant que l'album soit si court et qu'il ne permette pas d'insister plus lourdement sur certains aspects de la vie de cette belle brochette de frangins. Visuellement, le dessin semi-réaliste d'Eisner est virtuose. Son trait élégant et expressif s'évade tout au long des pages sans jamais être enfermé dans les cases. Affaires de famille est une lecture évocatrice, de qualité.
