L'histoire :
Bonjour, Je m'appelle Ruben et je suis alcoolique. Enfin, c'est ce que je raconte à mon groupe, la vérité est un peu plus complexe que ça. Déjà, Ruben, ce n'est pas mon prénom et puis je gagne des capacités et pouvoirs surnaturels quand je bois et me drogue. Cela ne fait pas de moi un alcoolo. Cela ne fait pas de moi un faible, un toxico. Cela fait de moi un héros. Ce que je partage avec les accros, c'est que j'ai aussi un secret, une face cachée, des trucs à dissimuler aux autres. Et là, je veux décrocher. Les exploits, sauver la veuve et l'orphelin, c'est fini. Qu'ils aillent tous se faire foutre. Eux, comme ces abrutis des alcooliques anonymes. Je les emmerde tous. Personne n'a idée de ce que j'ai vécu, de ce que je traverse. Et si je suis ce foutu programme en 12 étapes, c'est que moi aussi, je veux «faire l'inventaire approfondi et sans fard de moi-même». J'ai tué des gens. J'avais de bonnes raisons, c'était des fumiers, des salops, des violeurs et des assassins. Mais ce que je sais surtout, depuis la première goutte d'alcool, c'est que tout ça va mal finir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Donny Cates est un scénariste américain qui a le vent en poupe. Il commence directement sa carrière chez Marvel et en deux ans, il y signe une tripotée d'histoires, Captain America, Avengers, Cosmic Ghost Rider, Venom ou encore Thanos. Pour autant, il décide de travailler aussi pour Image Comics, où il a carte blanche pour écrire des récits plus matures, en réalité moins politiquement corrects. On pense alors à Babyteeh, une histoire horrifique en cours, parue chez Snorgleux ou à God Country ou encore le spectaculaire Ghost Fleet, parus chez Urban Comics. Delcourt, quant à lui, publie Redneck, qui porte bien son nom et ne pleure pas non plus son lot d'hémoglobine et nous propose maintenant un nouveau récit choc : Buzzkill. Cette fois-ci, l'auteur bénéficie de la collaboration de Mark Reznicek, qui se trouve être aussi batteur dans un groupe de rock ! Et effectivement, si on devait associer une mélodie et des rythmes à cet album, ça ne pourrait pas être autre chose qu'un rock bien puissant et alternatif ! Avec ce Ruben qui ne s'appelle pas Ruben et qui s'en met plein le cornet, les deux complices s'attaquent aux standards du genre super-héroïque, en prenant joyeusement le contre-pied de tous ses stéréotypes. Le héros est donc un mec en vrac. Pour jouir de ses capacités extraordinaires, il faut qu'il se cartonne la tronche à coup de substances ou de whisky et il a décidé de tout plaquer. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu et c'est un régal de suivre ses péripéties, forcément agitées. Chapitre après chapitre, tous les codes qui régissent les histoires de super slips sont savamment écornés et d'autres repris parfaitement, comme les grosses bastons. En plus, c'est un one-shot, ce qui a l'avantage de ne pas traîner en longueur. Avec ses dialogues piquants et un Geoff Shaw dont les dessins expriment parfaitement la sauvagerie du bonhomme, le tout s'avère punchy à souhait. Voilà donc un book qu'on vous conseille de consommer sans aucune modération !