L'histoire :
Par une nuit de pleine lune, un jeune garçon hirsute fuit dans la forêt. Ses cheveux sont tellement longs qu'ils cachent intégralement son visage. Alors qu'il se plaque à un arbre pour échapper à la horde qui le traque comme une bête, il aperçoit des lumières provenant d'une clairière. Une fois atteinte, le voici à l'entrée d'un cirque. La nuit passe... De bon matin, Lula est réveillée par son grand-père. Bon pied bon œil, elle commence sa journée en allant faire un gros câlin à Chimichanga, un monstre à la taille impressionnante, complètement gaga de la gamine. Une fois diverses curiosités sorties du ventre de la bête, qu'elle ne manque pas de sermonner au passage, elle tombe nez à nez avec le fuyard, qui s'était réfugié dans une remise utile à ranger balais et autres affaires de nettoyage. D'abord un peu farouche, puis carrément effrayée quand le visiteur clandestin lui dévoile son visage, elle finit par écouter son histoire et lui proposer la protection du cirque. Mais aussitôt la conversation achevée, le shériff pointe à l'entrée du cirque avec un portrait du garçon aux cheveux masquant son visage. Il est recherché et doit répondre de nombreux actes répréhensibles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chimichanga est certainement la récréation d'Eric Powell, auteur de la série populaire The Goon et aussi de Hillbilly. Une récréation enfantine (mais pas trop), qui devient aussi l'espace de décompression de ses lecteurs. On y retrouve en effet pas mal de ses marottes : la magie des contes de fée, le thème si riche des monstres, la bêtise et la méchanceté des hommes. Et bien sûr, l'ensemble est traité de façon très légère, avec un humour omniprésent et bien souvent d'un mauvais goût totalement assumé (saviez-vous qu'il existe des sorcières frappées de la malédiction de la flatulence ?). Comme souvent aussi, les références à d'autres œuvres sont très nombreuses. On pense en premier lieu à une parodie de Freaks puisque Lula, cette petite fille barbue et au caractère altruiste mais trempé, appartient à un cirque (le Cirque itinérant du Père la Ridule) , mais les Beattles ont aussi droit de citer. Avec ces 4 chapitres (publiés aux USA de 2016 à 2019), on va suivre les mésaventures d'un gamin affublé d'un horrible visage et qui s'est attiré l’hostilité de tout un village. Un village peuplé de crétins, il va s'en dire, au premier rang desquels un sénateur totalement écervelé, mais populaire ! Sous ses airs légers, Eric Powell égratigne au passage la méchanceté des adultes, qui tranche tellement avec la naïveté des enfants qui sont les «héros» de cette saga. Côté dessin, Stéphanie Buscema fait des merveilles. Entre caricature et dessin typiquement «jeunesse», elle véhicule à la fois ce qu'il faut de poésie et d'épouvante pour que le compromis s'avère parfait. Et quelles couleurs, tantôt oniriques, tantôt sombres ! Sa palette contribue largement au spectacle. Chimichanga est un divertissement frais mais pas si innocent que cela. La série a également ce mérite : elle démontre qu'avec un scénario très simple, on peut écrire une histoire drôle et sympa !