L'histoire :
Un homme, à moins qu'il ne s'agisse d'un garçon, s'adresse à un chat noir. «Tu as perdu quelque chose ? » - «Non, je réfléchis» - «C'est vrai ?... Pas très prudent, ça. On commence par une pensée, puis une autre et une troisième... et ça continue, chaque pensée volant à travers ton cerveau jusqu'à ce que BOUM ! Elles percutent la paroi de ton crâne. «La bordure du monde». Le chat a l'air circonspect. L'humain et le félin surplombent un gouffre qui semble sans fin. Le petit chat aux yeux immenses courbe alors la tête vers le vide : «C'est très loin tout en bas» - «Plus loin que tes pensées les plus enfouies» - «Mais qu'il y a-t'il au-delà de mes pensées les plus enfouies ou la paroi de ton crâne, ou la bordure du monde ?» - «Ah, combien de fois n'a-t-on pas posé cette question... presqu'autant de fois qu'on a suggéré des réponses» - «Et donc ? » - «Eh bien, prends la Femme du Ciel et son mari, par exemple» - «Qui ça ? » - «L'histoire de la Femme du Ciel commence au Paradis, et là-bas,, elle commence par...»...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ceux qui connaissent Dave McKean savent que l'artiste britannique a repoussé les limites de la bande-dessinée, en particulier avec une œuvre culte : Cages. Ceux qui ne le connaîtraient pas encore, attirés qu'ils seront par la couverture de ce superbe livre, prendront une claque monumentale, en reconnaissant à travers les multiples techniques mises en œuvre, un auteur dont le visuel ne leur échappera plus jamais. Sa carrière parle pour lui et les innombrables récompenses qu'il a récoltées, partout dans le monde, le classent depuis de nombreuses années parmi la catégorie des plus grands. Même s'il a multiplié les collaborations avec Neil Gaiman, Dave McKean est un auteur complet, de ceux qui tissent un monde étrange et lui donnent vie à travers une poésie où le mystère côtoie très souvent l'inquiétant. L'étrange et le beau sont chez lui des constantes, qu'on retrouve donc «naturellement» ici. Plus de 15 ans après un premier volume, voici donc qu'un second volet nous est proposé. Comme son titre l'indique si bien, il ne s'agit absolument pas d'un récit, mais bien d'un recueil d’œuvres qui ont été exposées au quatre coins de la planète. Un opus à la limite de l'art-book, tant l'ouvrage est soigné (grand format, plus de 250 pages). Il nous est strictement impossible d'en résumer le contenu, aussi varié qu’iconoclaste, car la richesse qu'il contient échappe à notre pauvre vocabulaire. Certes, l'aspect conceptuel des créations qu'il contient l'éloigne aussi un peu du grand public, mais pour qui écoute sa curiosité et se trouve près à déconstruire ses représentations, voire s'éloigner de la routine de ses préférences esthétiques pour mieux les enrichir, Echos graphiques est la promesse d'une expérience unique. La seule chose qu'on peut vous dire très clairement, c'est de vous précipiter chez votre libraire, parce qu'il n'y en aura pas pour tout le monde !