L'histoire :
L’Égide est une société secrète qui fonctionne comme un Ordre. Elle régit le fonctionnement, sous le mode d'une hiérarchie organisée en castes, de 10 familles de magiciens de couleur. Ces hommes noirs agissent dans l'ombre, dans ce sens où les humains n'ont pas conscience de leurs interventions. Le but de l’Égide est d’améliorer le sort des hommes méritants. Il s'agit d'écarter de leur vie des circonstances qui pourraient les détourner de leur destin. L’Égide agit pour que ceux qui en sont dignes puissent devenir ce qu'ils sont censés être. Tout en haut de la hiérarchie, il y a le Superviseur, dont la forme spectrale protège les traits de son visage. Il est l'autorité suprême et les décisions les plus importantes lui reviennent, sans qu'elle ne soient contestables. Puis viennent les 10 familles, chargées de faire qu'aucun magicien ne se détourne de la règle des quatre murs : il est interdit de défendre et protéger les non-méritants, il est interdit de façonner une baguette sans agrément. il est interdit de lancer des sorts sans baguette agrée et enfin, il est interdit aux femmes de pratiquer la magie. Raymond Dales est le patriarche de la plus importante de ces dix familles et le jour où il a un fils, Spencer, il ne se doute pas des problèmes qu'il va provoquer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il ne faut pas toujours prendre au pied de la lettre le titre d'une série, car ici, ce sont les personnages qui visent le niveau d'excellence, mais ce tome 1 ne l'est pas vraiment, excellent... Bien que spectaculaire et divertissant, donc globalement convaincant, il présente aussi l'inconvénient d'une narration un peu décousue. Comme beaucoup de séries, Excellence démarre pourtant bien, voire assez fort durant les premières dizaines de pages, avec un contexte qui campe l’Égide, une organisation... mieux, un Ordre, qui régit 10 familles détentrices de la Magie, dans un monde contemporain mais aux allures de futur proche. Qui dit Ordre dit Initiation et Commandements, donc des règles à ne pas enfreindre et comme chacun sait, de grands pouvoirs entraînent de grandes... vous connaissez la suite. Et c'est ça, l'histoire de Spencer Raymond Dales : un garçon bien né, puisqu'il fait partie des trois familles de magiciens les plus importantes. Oui mais voilà, il met du temps à manifester ses pouvoirs et encaisse une telle pression, les enjeux sont tels pour lui, qu'il va finir par vriller et causer de très sérieux problèmes, non seulement à sa famille, mais aussi à toute la communauté des magiciens. La tension s'installe avec ce prisme, qui laisse aussi la part belle au spectacle. De flashbacks en flashforwards, on voit ainsi Spencer grandir, être mis à l'épreuve, souffrir et finalement refuser son sort. Mais au bout des deux tiers de l'album, un petit côté pathos vient aussi appuyer de façon un peu lourdingue ce propos, entre voix off qui dramatise à outrance et dialogues pas toujours réussis, ces fameuses tirades adressées en pleine baston... Alors oui, ce héros a des traits de personnalité attachants (tout le monde aime bien les personnages un peu torturés dans les comics) et les thèmes soulevés par ce premier volume sont intéressants (la pression familiale, la difficulté à trouver sa place quand on a un destin tout tracé par les autres) mais l'ensemble souffre donc de ces petits défauts qui font qu'on n'est pas non plus renversé. A titre d'exemple, il y a une forme de signalétique qu'on retrouve en tête de chapitre, comme aime le faire Jonathan Hickman mais qui n'amène pas grand chose en terme d'intérêt, voire qui peut sembler artificielle. Et si l'ensemble reste agréable, c'est parce que le dessin de Khary Randolph est diablement efficace, avec une mise en page réussie et des couleurs flashy mais assez chiadées. A défaut d'être vraiment magique, ce tome de mise en place ne mérite pas non plus qu'on lui fasse un mauvais sort !