L'histoire :
En 1913, en Autriche, existe un hôtel dirigé par Mr Rougeur, un français très porté sur les livres pour adultes, aux contenus pour le moins libertins. Cela fait quelques temps qu’une femme d’âge mûr, Alice, y loge également. Celle-ci aime particulièrement se caresser tout en se regardant dans le miroir. Un peu plus tard, une jeune américaine du nom de Dorothée Gale arrive à l’hôtel et fait rapidement la connaissance d’un jeune homme, le capitaine Rolf Bauer. Après un dîner fort agréable, ce dernier l’emmène dans un des jardins de l’hôtel et la déshabille. Après quelques préliminaires, il commence à lui pratiquer un cunnilingus tout en se masturbant. Mais après quelques instants, le militaire n’en peut plus et éjacule, trop excité à la vue des superbes chaussures que porte Dorothée. Le lendemain, un couple arrive, Harold et Wendy Potter. Après une nuit assez agitée où les bruits et cris provenant de chambres voisines se font entendre, Wendy fait rapidement la connaissance de Dorothée et d’Alice, les responsables des bruits nocturnes, qui faisaient l’amour. Les jours passent et les trois femmes voient leurs liens se renforcer, venant même à se confier leurs premiers émois tandis que leur relation devient de plus en plus charnelle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alan Moore est un scénariste dont la réputation n’est plus à faire. Sa bibliographie comprend des chefs-d’œuvres comme Watchmen, From Hell ou encore La ligue des gentlemen extraordinaires. C’est avec sa compagne Melissa Gebbie qu’il s’est lancé dans une aventure totalement nouvelle pour lui : un titre ayant comme sujet principal, le sexe. En reprenant les héroïnes des histoires de trois contes, Peter Pan, le Magicien d’Oz et Alice au pays des merveilles, Moore nous narre leur rencontre… érotique. Car il nous fait redécouvrir ses contes comme autant d’anecdotes qui s’avèrent être les premières relations sexuelles de ces damoiselles. Pour autant, le scénariste anglais n’oublie pas de replacer son récit dans un contexte historique réel (1913-1914). En revanche, ce gros volume n’est pas simplement érotique, mais bel et bien pornographique – à réserver à un public averti. Il dévoile de nombreuses pratiques, de la masturbation à la partouze, mais aussi de nombreuses déviances, telles que le fétichisme. Le scénario fait aussi une place importante à l’humour, avec des séquences gentiment décalées, nous mentionnant par exemple comment peut être utilisé une pièce d’échec (page 177). Alan Moore s’attache simplement à nous démontrer que le sexe pouvait être empreint d’innocence. Le tout est amené avec intelligence, voire même par moment de manière poétique. Pourtant certains passages ont véritablement provoqué la polémique, en nous montrant des rapports avec des enfants ou avec des animaux également. Pour sûr, Alan Moore cherche principalement à nous faire réfléchir sur ce type de pratiques et malmène donc les tabous. Pour illustrer cette histoire, les dessins de Melissa Gebbie sont irréguliers mais montrent un crayonné plutôt agréable. Au fil de la lecture, les sentiments se partagent, entre excitation et parfois dégoût. La lente montée en pression n’y est pas étrangère et la conclusion n’en est que bien meilleure. Félicitons Delcourt qui a eu le courage de sortir ce titre provocant, cru, et inévitablement sujet à controverse.