L'histoire :
Detroit n'a que faire des gens qui tentent de la sauver. Telle une bête malade, tombée à terre, méfiante, elle gronde à la main qui se tend vers elle. Un grondement qu'on entend quand le vent souffle sur les quartiers délabrés de l'Eastside, où 8 logements sur 10 sont vacants et envahis d'herbe montant jusqu'à la ceinture. Cette méfiance, on la voit sur les visages durcis et apathiques de tous les écoliers, entassés et sous-équipés. Les trois quarts d'entre-eux ne termineront pas le lycée. Un mal caché dans le ton arrogant et prétentieux des jeunes entrepreneurs et artistes en vogue qui s'installent dans les demeures artificiellement dévaluées de Palmer Park et les lofts de Downtown... qui rêvent de convaincre les médias que leurs projets d'agriculture urbaine et de bistrots chicos sur Woodward peuvent sauver la ville de la faillite... Depuis des lustres, le crime et la pègre prennent cher quand Furtif intervient. Le justicier, entièrement revêtu d'une armure bleu sombre, n'a jamais pu être identifié et ce soir, pour Tony, ça va être un choc : après une intervention tendue, la fenêtre de la chambre de son père explose. Furtif et son daron ne font qu'un ! Le problème, c'est qu'on lui a diagnostiqué il y a quelques semaines un Alzheimer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mike Costa est un scénariste qui cumule savoir faire et sens du spectacle. Sa première oeuvre pour l’industrie des comics remonte à plus de 10 ans, chez WildStorm, pour un run conduit avec Fiona Staples pour un spin-off de The Authority. Puis, au cours du temps, il étoffe sacrément son CV en bossant pour les Big 2 mais aussi (et beaucoup) pour IDW où il donne ses lettres de noblesse aux Transformers et GI Joe en leur amenant des qualités qu'on n'attendait vraiment pas. Puis il créé un jeu vidéo, écrit la sérieLucifer pour Fox TV et finit par être débauché par Netflix. Voilà, si on vous a fait sa bio en vitesse, c'est pour que vous sachiez que le type est un sacré pro, ce qui, forcément, se ressent à la lecture de Furtif. Alors même si la clé de l'intrigue (celle qu'on garde dans notre poche, bien sûr) est un peu alambiquée, on peut vous affirmer que Furtif fait le job pour un comic book d'entertainment . C'est classique mais bien foutu, gavé de références aux comics de supers, on pense à un Kick Ass à l'envers, puisqu'ici, c'est le père qui fracasse tout le monde et naturellement à Iron Man pour l'armure façon Extremis, quand la figure dévisagée du vilain est un hommage évident à Double-Face. Alors c'est sûr, on marche sur des sentiers battus mais l'écriture des dialogues emprunts d'humour et les personnages secondaires, riches en stéréotypes, ajoutés à un rythme plein et un tas d'actions font de cette «histoire complète» un album agréable. Même constat pour les dessins de Nate Bellegarde. Si l'auteur dispose de peu de publications en France (celle-ci succédant à Nowheremen etBrit, chez Delcourt également), il sait faire dans le sobre mais spectaculaire, bien aidé par les couleurs de Tamra Bonvillain. Envie de popcorn et de bonne baston ? Collez-moi donc ce Furtif dans votre radar !