L'histoire :
Fairfield, Connecticut, mai 1956. Le BPRD est sous pression. Le matériel fait défaut aux agents de terrain et le Professeur Bruttenholm, qui office en tant que Directeur, vient de pondre une note pour expliquer que le gouvernement devrait permettre l'obtention de crédits supplémentaires. Mais chacun que sait que le conditionnel cache la réalité de compromis, voire de conditions à accepter. C'est la CIA qui mène la danse et Eisenhower n'a qu'une obsession : tout savoir des activités des soviétiques. Il est demandé au BPRD, pour ne pas dire exigé, qu'il puisse renseigner les plus hautes autorités au sujet des recherches paranormales auxquelles les soviets se livrent. Le deal est simple : des résultats, ou le budget du Bureau sera à peine suffisant à acheter quelques balais et deux timbres. Bruttenholm en a parfaitement conscience mais il est aussi taraudé par des informations qu'on ne veut pas lui délivrer : il sait que l'US Army travaille à la mise au point d'une arme dont la substance active est l'enkéladite. Et il est persuadé qu'il y a eu des fuites, parce que les soviétiques en ont aussi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 5ème volume, la série consacrée aux origines de Hellboy prend une tournure jusque là inédite et particulièrement intéressante. En effet, le cœur de l'intrigue ne repose pas sur des phénomènes «purement paranormaux» et la tension qui règne sur ces cinq chapitres provient d'extrapolations qui replongent le lecteur au plus profond de la guerre froide. Non seulement on retrouve Varvana, cette entité maléfique à l'apparence d'une petite fille et qui joue un rôle prépondérant dans la fin de la série, mais en plus elle est le pivot d'une opposition avec le BPRD, qui symbolise la lutte entre les deux blocs. Et comme dans cette période pas vraiment paisible d'après-guerre où rien n'était blanc ou noir, on observe également des liens troubles entre elle et le Directeur du BPRD. Donc pour une fois, pas de créature étrange, pas de monstres ni de chasseurs derrière eux, mais bien entendu beaucoup de mystères. Côté dessin, c'est Yishan Li, auteure sino-britannique, qui tire son épingle du jeu. Avec son trait aussi fin et réaliste, elle signe de très belles planches aux compositions impeccables. On notera toutefois, bien que les lecteurs de comics soient habitués au changement de style d'un dessinateur à un autre, qu'entre elle, Mike Norton et Michael Avon Oeming, c'est une vraie auberge espagnole tant leur style respectif les sépare. A noter deux histoires courtes en fin de volume qui illustrent les frasques de Hellboy en tant qu'acteur alcoolique, noyé dans le folklore de la Lucha Libre. Une occasion pour Mike Mignola de rendre hommage au cinéma des fifties et au passage à son personnage de Lobster Johnson. Un volume agréable !