L'histoire :
1962. En Roumanie, quelque part dans les Carpates. Hellboy s'apprête à se rendre au Château Vargu. Le BPRD a retracé l'histoire de cette famille dont les origines remontent au XIIème siècle. C'est à partir du siècle suivant qu'une sombre réputation a entouré le château. La famille Szilagy en était devenue propriétaire. Costache, son patriarche, y célébrait des messes noires. Son oncle maternel était un membre influent à la Cour et lorsque les agissements de son neveu lui furent rapportés, en 1462, il ordonna que des soldats prennent d'assaut le domaine et tuent Costache. Les siècles passèrent, jusqu'à ce qu'en 1669 un rapport établisse la disparition de plusieurs personnes, ainsi que la découverte de corps dévorés, en tout cas déchiquetés. 1745, 1816, 1889, à chaque fois, l'histoire semblait se reproduire. Sur place, Hellboy mène aussi son enquête : six personnes ont disparu et ce matin même, il est tombé sur deux bras et un pied. Aucun doute possible, une créature maléfique siège bel et bien dans ce château. Probablement ce qu'est devenu Costache après avoir pactisé avec le Démon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les histoires courtes de Hellboy sont peut-être les meilleures. Bon, c'est aussi une affaire de goût... Quoiqu'il en soit, les 160 pages de cet album en contiennent quatre, parues de 2017 à 2021. Tout commence de façon remarquable avec La Bête de Vargu, qui nous projette dans la légendaire région des Carpates. Alors, si le ressort narratif (des secrets ancestraux, de la magie noire et de la grosse baston) est archi-classique, voire vu et revu dans l'univers du Hellboy, on y goûte ce parfum de littérature noire qui a fait le succès de la série, sans parler de l'extrapolation réussie de la culture orale tzigane. L'histoire suivante, Le retour de Saturne, souffre de la comparaison avec les trois autres. Écrite à quatre mains (Mike Mignola/Scott Allie), elle est complètement plombée par une narration alambiquée qui donne le désagréable sentiment d'artificiel : l'idée maîtresse est simple mais la multitude de flashbacks et le découpage des scènes, qui se démultiplient à peine commencées, viennent alourdir le rythme et finalement ôter toute intensité. Dommage, pour un récit qui constitue la plus grande partie de la pagination et qui, du point de vue graphique, est aussi un ton en dessous du reste, Christopher Mitten n'arrivant pas à captiver l’œil. Heureusement, une fois cette histoire faiblarde achevée, on renoue avec le tout bon et l'ADN même de Hellboy : simple, beau et efficace. Et pour cause, c'est Adam Hugues qui dessine et colorise Krampusnacht et c'est juste énorme. Chaque planche véhicule du mystère, dégage de la puissance et une esthétique supérieure. 22 pages de pur bonheur... Enfin, les hostilités s'achèvent avec Le retour du ver du Lambton. dessiné par Ben Stenbeck, un habitué d'univers de HB. Et cette fois-ci, l'exploit réside à faire en 6 pages une histoire réussie ! On aurait même demandé du rab car à l'évidence, il y avait là matière à développer un peu plus. Enfin, on se régalera du cahier final, qui reprend des croquis et illustrations diverses de chaque artiste. Voici donc un album qui aurait été superbe s'il n'avait pas comporté une histoire médiocre. Mais pas de quoi bouder son plaisir, parce qu'il contient également de vraies pépites !