L'histoire :
Dans sa préface, Scott Allie nous dit, non sans humour, qu'il n'était pas fan des dessins de Mike Mignola. Trop rude, trop simple à son goût. Puis il nous explique ce qui a finit par rapidement lui péter à la tronche : Mignola, c'est l'homme qui a réussi à capter l'essentiel dans le dessin. On peut croire que le dessin, c'est le fourmillement de détails. On peut aussi croire que c'est l'art du trait et celui du contraste. Et Mignola l'a porté jusqu'à une forme de perfection. Chacune de ses compositions est ainsi faite : un premier plan et un second qui se démarquent par l'ombre et la lumière. Toucher à cette fondamentale : soit c'est noir, soit c'est blanc. Il nous explique aussi, mais rapidement, comment la série, d'abord imaginée comme super-héroïque, a rapidement pris, dans l'esprit de son créateur, le tour de contes d'horreur qui pouvaient contenir les influences de Lovecraft et des films des années 50 qui pullulaient de monstres en caoutchouc...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a beau être fan de Hellboy et de ses nombreuses ramifications, du B.P.R.D à Abe Sapien, en passant par Joe Golem et Withfinder, prétendre que cet arbook est une Bible est un tantinet pompeux de la part de l'éditeur. En effet, quatre pages de préface, une du maître lui-même, en forme de coucou et merci tant elle est lapidaire et une page et demie de postface seront à peu près la seule matière rédactionnelle que vous trouverez. A l'évidence totalement insuffisant pour qui pense trouver une Bible consacrée à la créature des enfers. En effet, vous n'apprendrez rien, ou presque, des secrets de fabrication de la bête rouge à cornes coupées. Et encore moins des profondes ramifications prises depuis par son univers, qui s'étend d'année en année. Une vrai déception, car en réalité, la grande majorité du contenu est composée de couvertures et de leur croquis. Des publiées, des rejetées, mais réutilisées en sérigraphies et en tirées à part, des croquis préparatoires en veux-tu en voilà, quelques dédicaces, de rares peintures, le tout classé par ordre chronologique, c'est ce dont il faudra se contenter. Certes, c'est un régal pour les yeux et cela permettra aux plus méticuleux d'appréhender l'évolution du style de MM, mais pour qui voudrait en savoir plus sur l'écriture et le process créatif, il faudra repasser et se contenter d'une forme de contemplation. Voilà, c'est un artbook et rien qu'un artbook. Il est beau certes, mais au vu de son prix et de son contenu strictement visuel, il y a fort à parier qu'il ne trouvera preneur que parmi les fans hardcore de l'auteur, qui se satisferont peut-être de quelques planches reproduites en VF et de la publication inédite d'une histoire de quatre pages... et encore, elle a été refondue postérieurement pour coller aux standards de pagination... Voilà donc une sucrerie de luxe pour les fans, une Bible totalement dispensable pour autant !