L'histoire :
Il y a de nombreuses histoires qui courent au sujet de Rondel, le Hillbilly. Un homme à la carrure imposante et vêtu de guenilles. Un vagabond inquiétant, aux orbites vides qui trahissent sa cécité. Le plus étrange, c'est qu'il n'est nullement handicapé... et le plus effrayant, c'est qu'il possède une arme qu'on nomme «Le Hachoir du Diable». De nombreux récits reprennent la haine que lui vouait Tailypo, un démon roublard. Cette petite créature maléfique, bien qu'habile, n'avait pas les moyens de se confronter directement au Hillbilly, aussi, il trouvait souvent quelque allié à qui il confiait le soin de défier Rondel. Cette fois-ci, Hansel et Grandel, deux des créatures les plus viles qu'on ait pu connaître. Frère et sœur, ils étaient nés dans une famille de bas étage, au tempérament malfaisant. Leur père les abandonna au fond des bois pour ne plus en avoir la charge. Voués à eux-même, les enfants marchèrent et marchèrent, jusqu'à trouver malgré eux la maison d'une sorcière. Quasi morts de faim, ils se figurèrent que cette bâtisse était faite de sucreries et de gâteaux, mais c'était une ruse de la sorcière et une fois empoisonnés par ce qu'ils avaient mangé, ils devinrent de vraies bêtes, que nulle nourriture ne pourrait plus jamais contenter. Alors quand Tailypo leur suggéra de se sustenter du Hillbilly, ils foncèrent sur la piste de leur proie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Eric Powell a su s'attirer l'amour des fans de comics avec The Goon, il est probable qu'il continue à développer sa côte avec Hillbilly, tant le personnage est attachant. Delcourt ne s'y trompe pas, en proposant le troisième album de la série en un an et demie. Cette fois-ci, on découvre une facette totalement inconnue de sa personnalité. Le vagabond jusque-là très solitaire est en effet conduit par le cours des évènements à constituer une alliance avec diverses créatures, comme lui maudites, pour affronter une coterie de viles sorcières. Si le synopsis n'est guère plus... sorcier, la magie de la narration et des dessins est elle, toujours présente. Commençons par l'écriture : Eric Powell maîtrise tous les codes des récits folkloriques et légendes fantastiques, ancrées dans l'imaginaire collectif. Il les reprend à son compte en les réinterprétant, comme cet hommage amusant à Hansel et Gretel qu'il tourne à la sauce épouvante. Et plus les épisodes se succèdent, plus Rondel, ce vagabond aux airs misanthropes, se révèle animé par une noble quête. Il apparaît comme un homme bon, qui protège des rustres, voire de fieffés imbéciles, mais qu'importe, il a une mission à mener et devient l'un des derniers remparts contre le Mal. Alors sans plus vous en révéler, ce troisième opus lèvera le voile sur une partie de son passé. Côté dessins, c'est un pur régal : avec des teintes monochromes, tournant souvent autour des vert et marron, des scènes de flashback qui appuient sur l'aspect crayonné, une mise en page très travaillée, l'auteur réussit l'exploit de combiner à la perfection story telling et illustration. C'est du grand art. Voilà, il y a de nombreuses histoires qui courent au sujet du Hillbilly et si vous n'en n'avez lu aucune, il est temps que vous en découvriez toute la magie.