L'histoire :
Mark est ouvrier dans le bâtiment. Il travaille essentiellement pour des particuliers et construit leur maison. Il se coltine un divorce. Si lui et son ex femme sont loin de se détester, il a bien fallu pour autant qu'il vende son camion pour se payer son déménagement et maintenant, il bosse de nouveau pour d'autres. Son frangin, Alan, lui, s'est marié deux fois et a divorcé... deux fois. Il lui a bien conseillé de prendre un avocat, mais lui n'a pas d'enfant. Et Mark, c'est pas un conflictuel. Ils s'entendent bien avec son ex, Lisa. Ce n'est pas la parentalité qui les a séparés, mais les années de routine. Jusqu'à se réveiller un matin et s'accorder sur le fait qu'ils sont devenus comme deux étrangers l'un pour l'autre. Et puis il a cette élection, qui l'énerve. Hillary, c'est pas son choix. Il la considère comme une vieille pourrie, qui n'a aucune indépendance. Et de l'autre côté, il y a ce crétin à mèche blonde. Sûr que Bernie l'aurait déblayé. Mais non, ce n'est pas comme ça que les choses se passeront alors, il est indécis. Cette campagne présidentielle, elle vient en plus mettre de l'eau dans le gaz des parents divorcés. Lisa, la plus petite des gosses, exige de son père de voir un débat à la télé. C'est maman qui a dit que Mark lui laisserait regarder, mais lui trouve qu'elle est un peu jeune. Et puis ce soir, les Dodgers jouent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
James Sturm n'est certainement pas un auteur complet américain parmi les plus connus chez nous, mais il a été primé deux fois aux Eisner. De quoi déjà vous faire comprendre que les histoires qu'il propose sont particulièrement bien écrites. Hors-saison est l'histoire a priori banale d'un homme qui divorce. Une histoire de famille qui se casse la gueule. Sa particularité graphique tient en deux points. Le premier est que les personnages ont une allure animalière, où les hommes sont des bipèdes à tête de chiens. La seconde tient au code narratif : un format à l'italienne avec deux cases par page, plus hautes que larges, exclusivement en gris et blanc. Ainsi, il s'opère une forme de distanciation avec «Mark le chien-homme», en même temps que se dégage une humanité profonde de l'histoire de sa famille. Le découpage et la colorisation amplifie également le sentiment de monotonie dans sa vie, si bien qu'un spleen monstre vient prendre le lecteur. Tout tient donc sur la psychologie des personnages et ce qui est remarquable, c'est que la vie banale d'un mec banal véhicule l'empathie. Avec James Sturm, tout devient nuancé : Mark est loin d'être un salaud, mais le malheur qu'il vit n'en fait pas non plus un être sympathique, bien qu'il ne s'apitoie pas sur son sort. Et si sa vie part en sucette, Hors saison nous renvoie un reflet de ce dont personne n'est à l'abri. Voilà donc un tour de force : comment faire une BD pas ordinaire quand on raconte une histoire ordinaire. Un livre d'auteur, au sens noble du terme
