L'histoire :
En 1934, les effets du Krach boursier sont toujours perceptibles dans le monde. Le nombre de sans-abri augmente sans cesse, les maladies continuent à proliférer et la faim tenaille moult personnes. Jacob Shtarkah est un homme travailleur et durant cinq années, il a construit et rénové la synagogue du Bronx. Seulement, les réparations ne sont pas illimitées et tout a une fin. Malgré ses suppliques, le rabbin n'a plus de travail à donner à l'artisan. Alors que Jacob rentre chez lui, une douleur à la poitrine l'assaille. Il tombe les fesses à terre. Alors qu'il se morfond, il aperçoit un cafard et réfléchit à la condition de l'homme et aussi à celle de l'insecte. Jacob ne le sait pas encore mais sa route croisera celle d'Elton Shaftsbury, un fils de bonne famille qui sans le sou, est obligé de vivre dans le même immeuble que lui, celui du 55, Dropsie Avenue. Ce dernier, en rendant des petits services, rencontrera la fille de Jacob mais prodiguera aussi de précieux conseils financiers au menuisier, lui permettant de redresser la pente.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un pacte avec Dieu était la première partie de l'histoire de Will Eisner consacrée au Bronx. Avec Jacob le cafard, l'auteur accouche d'un roman graphique mettant en scène un menuisier en proie à la dure réalité de l'époque, celle ayant suivi la crise de 1929. Par une métaphore, l'auteur évoque la vie et ses difficultés en mettant son héros Jacob face à la destinée d'un cafard. Le récit a beau être moins inspiré que sur Un pacte avec Dieu, il ne reste pas moins d'excellente facture. Will Eisner montre l'importance à l'époque du conditionnement de la communauté juive, la fille de Jacob voulant épouser un homme d'une autre confession religieuse, mais aussi la présence de la mafia dans les zones les plus pauvres ou la montée en puissance du communisme et du fascisme. L'auteur intègre également quelques extraits de journaux permettant de resituer le climat délétère de cette période sombre de l'Histoire. La galerie de personnages secondaires est riche et attachante, on en croise même certains issus du premier volet. Visuellement, Will Eisner est un grand dessinateur, cela n'est pas discutable. Pour autant, cet album n'est pas aussi poussé ou impressionnant que le précédent. L'ensemble reste toutefois largement au dessus de bien des canons actuels. Jacob le cafard est une lecture indispensable pour les amateurs de chronique sociale mais aussi à caractère historique. Très bon.