L'histoire :
Quelque part dans les Alpes françaises. James Bond s'apprête à sauter d'une cabine de téléférique, en pleine nuit. Ressenti -20 degrés ! L'inconvénient du froid, c'est qu'il engourdit les doigts. L'avantage, c'est qu'il fait écho à ce que l'esprit d'un agent doit être quand il doit éliminer une cible : dans ce métier, on s'insensibilise ou on devient fou. Bond est en mission pour tuer un homme qui en a tué d'autres : André Moreau, un corse qui a assassiné trois hauts dignitaires de la Couronne Britannique. Il a étranglé le premier, jeté le second du haut d'un immeuble et planté un tournevis dans le crâne du troisième. Quelques minutes après son drop et à l'issue de quelques autres hors piste, l'agent 007 est en place, surplombant un chalet à distance raisonnable. La présence de la cible est confirmée, le trépied de son fusil de précision posé. Moreau passe à la fenêtre et y reste, le temps d'un baiser avec sa femme. Il va falloir être très précis ! La seconde d'après, la cible est effacée. L'ennui pour Bond, c'est que ce n'est pas lui qui tire. Un second coup de feu part et atteint alors son fusil ! Un troisième passe près de lui. Bond ne sait pas, en cet instant, s'il est embarrassé, intrigué, ou profondément irrité mais ce qui est sûr, c'est qu'il ne va pas rester passif. Ayant repéré le tireur, il s'élance à sa poursuite !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Benjamin Percy vient prendre la relève d'Andy Diggle, pour cette licence acquise par Dynamite et estampillée Ian Fleming Publications Ltd. La venue sur cette série du romancier américain, qui se distingue aussi dans l'écriture de comics et qui compte désormais à son actif des séries chez DC et aussi Marvel, était assez alléchante et pourtant un constat s'impose : le cahier des charges est rempli mais ça ne fonctionne pas bien. Bond est en effet en service minimum. L'intrigue en elle même et son côté hacking mondial déjà-vu sont la première source de déception, à laquelle s'ajoute une liste trop longue pour satisfaire les fans du plus célèbre espion : un «méchant» qui est complétement freaky mais jamais inquiétant (shame !), un déroulement cousu de fil blanc et qui ne réserve aucune surprise (sorry), des rebondissements convenus, aucune tension. Mission tome 5 à oublier ! Alors heureusement, les dialogues sont plutôt bons ainsi que le rythme et finalement, ce qui est marquant, c'est que rien ne l'est vraiment dans cette histoire. On a beau ne pas perdre de vue qu'il s'agit de nouvelles aventures crées pour l'occasion et non pas d'adaptations des romans, ça ne consolera personne. Côté graphisme, on nage en pleine médiocrité. La première remarque que tout lecteur devrait se faire, c'est que le Bond de cette version est moche. Gueule carrée, il a plus l'air d'un Punisher qu'autre chose. Bref, d'entrée, ça ne colle pas bien. Et n'est pas Jock, ni Risso, qui veut. Si on cite ces deux exemples, c'est que la mise en page renvoie souvent aux Losers (tiens tiens, curieux hasard, Andy Diggle était au scénario) et certains personnages arborent des expressions qu'on croirait toutes droites sorties de 100 Bullets. Rapha Lobosco est sans doute un bon designer, sa mise en page est clean et ses planches très lisibles mais son style est grossier quand il s'agit de portraits et ses personnages semblent figés. En réalité, son travail est sauvé de la catastrophe par l'excellence de la colorisation assurée par Simon Bowland. Bref, on a là le tome le plus faible de la série et pour être franc, à moins de tenir à une collection complète, ce volume pourrait vous échapper que vous n'y perdriez pas grand chose...