L'histoire :
Et le soleil fut, la terre aussi, le ciel, la mer, les arbres également… Et puis soudain, une motte de terre se souleva et dévoila… le pénis d’Adam en érection. Adam tout entier naquit ainsi allongé et nu au milieu d’un champ. Mais il était seul dans ce paradis et son sexe en érection permanente réclamait autre chose que les animaux bizarres qui trainaient par là. Il se donna donc un peu de plaisir solitaire en se masturbant. Sa giclée de sperme atterrit alors sur son torse. Un phénomène se produisit alors : une jeune femme blonde à forte poitrine jaillit d’une de ses côtes. C’était Eve. Ils s’employèrent aussitôt à faire l’amour, plutôt par derrière et sans oublier l’éjaculation buccale finale. Leur bonheur était complet, mais Adam lui stipula tout de même qu’il était interdit de manger le fruit de l’arbre qui se trouvait à proximité. Evidemment, profitant de la petite sieste post-coïtale d’Adam, Eve ne put s’empêcher d’approcher de l’arbre. Le diable apparut alors et lui malaxa les seins. Lui aussi lui fit l’amour par derrière, avec éjaculation buccale finale. Et il stipula : « Ce fruit te donnera la connaissance par-delà tes rêves les plus fous. Mange-le et tu sauras… ». Et Eve croqua dans une pomme, hélas…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce petit bouquin souple inscrit dans la collection Erotix de Delcourt, l’auteur de Love and Rockets Gilbert Hernandez propose une relecture stupéfiante des premiers chapitres du Premier Testament par un prisme purement sexuel. « Stupéfiante », non pas par l’originalité de l’approche ou l’éventuelle seconde lecture, mais par son vide intersidéral de fond. A vrai dire, au fil des pages qui se tournent, même le lecteur ouvert d’esprit, non prude et indécrottablement laïc se demandera : mais pourquoi ? Logiquement, le premier protagoniste à apparaître est Adam. Il apparaît en commençant par la verge et il est atteint d’un priapisme suspect. Et déjà, une réplique grotesque en soliloque : « Les animaux du paradis sont mes amis, mais j’ai besoin d’un compagnon qui me ressemble ». Une branlette plus tard, et Eve est créée. Aussitôt, Adam et Eve forniquent, c’est d’ailleurs le péché originel, auto-illustré par sa mise en abyme basique. Mais aussi, dans la foulée, Caïn et sa femme, puis Noé et sa femme, puis les enfants de Noé à bord de l’arche. Et ils font tous leur affaire de la même manière : par derrière, suivi d’une éjaculation buccale qui bave. Bon, et alors ? Quelle est la plus-value de ce détournement porno d’allégorie religieuse ? Le dessin étant extrêmement naïf et limité, les personnages mal proportionnés et positionnés, la palette de couleurs limitée et en aplats, il n’y aura aucune excitation possible chez les lecteurs et trices. Les actes sexuels sont répétitifs, lassants, dénués de causes et de conséquences, mais pas de sperme vilainement dégoulinant. En deux mots : moche et creux. Pourquoi ?