L'histoire :
Sussex, 1969. Dans une villa cossue, un couple gay s'adonne aux joies du sexe et de la drogue dans une piscine d'intérieur, version LSD, joints et champignons hallucinogènes. L'un des deux est Basil Thomas, star de la pop anglaise. Seulement voilà, le malheureux se noie, des sorciers vêtus d'une robe noire voulant visiblement sa mort. Londres, 1969. Miss Muray, Jack, Allan et toute la fine équipe de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires a eu vent de l'affaire. Haddo est mort mais il semblerait que ses adeptes aient repris son œuvre. Direction les brumes psychédéliques du Swinging London désormais. Londres en 1969 ressemble à un lupanar lumineux et fleuri où sexe débridé et orgie rythment la vie très peace and love des hippies des 60's. On y boit, on s'enfile des drogues, du LSD de préférence, et on baise à en perdre la tête et son âme. La fièvre consumériste s'est emparée de Londoners toujours plus bohèmes, toujours plus bourgeois. Inquiétées par l'expression d'une magie similaire à celle rencontrée en 1910, Mina et son équipe de héros immortels vont donc débarquer dans ce Londres enfiévré, déjouant les complots de la mafia locale, débusquant les escrocs, pour empêcher la Terre de sombrer dans le chaos voulu par les sectes occultistes. En jeu, l'équilibre du monde. Une mission : protéger l'humanité de ses démons et sauver son âme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fine équipe est de retour pour sauver l'humanité, 59 ans plus tard et dans le Swinging London des années 60, où débauche sexuel, orgie et LSD s'accouplent en un délicieux cocktail psychédélique. Au terme d'une lecture pas toujours aisée, deux constats : on adore l’œuvre de Moore, et notamment la complexité de cette saga multipliant les clins d’œil à l'Histoire, à la littérature et à la culture populaire. Patience, efforts et relectures seront alors nécessaires pour bien saisir les multiples références. Ou bien la lecture vous laisse de marbre par son côté cérébral, ses personnages sans ressort, sa trame parfois empruntée et son scénario tortueux. Passez alors votre chemin. Au-delà, il faut bien reconnaître que Moore distille avec maestria ses petites charges érotiques (voir la minijupe de Mina) et installe une ambiance psychédélique grandiose, basée sur des trips hallucinatoires. Aidé en cela par le trait anguleux de Kevin O'Neill, qui restitue à merveille l'imagerie et les décors des Swinging Sixties. A l'image aussi de cette couverture flashy, royale et majestueuse. Autre moment saisissant, le superbe bad-trip de Mina Murray en plein concert rock, explorant les terrains de l'âme et des sens. La partition narrative et graphique se charge alors d'onirisme et de magie, lorgnant même vers le mysticisme, les phylactères aux couleurs arc-en-ciel sombrant alors dans un délire profond, tandis que la plume de Moore s'autorise quelques échappées poétiques de haut-vol, façon chant du signe sous LSD. Résultat, les personnages ont la nausée, et nous avec ! Ironie de l'histoire, Moore nous souffle au passage, quand même, que sa préférence va à l'apocalypse plutôt qu'aux hippies. Nous voilà rassurés. Bilan : des éclairs de génie mais un ensemble qui laisse tout de même un goût d'inachevé...