L'histoire :
En 1916, la guerre des tranchées fait rage. Sur le front italien, les combats sont aussi sanglants et acharnés que sur le front français. Lors de la bataille du plateau d’Alighieri, un soldat italien, Pietro, fait sa première victime en tuant un autrichien à la baïonnette. Le sergent major Orsini effectue un état des troupes après la bataille. Pour lui, les choses sont claires : il faut continuer l’offensive pour progresser vers l’empire austro-hongrois. Le soldat Pietro se permet de répondre au sergent. Orsini n’hésite pas : il dénonce Pietro devant tous ses compagnons. En effet, il est d’origine austro-hongroise et a changé de camp alors qu’il avait été fait prisonnier. Pourtant, Pietro déclare haut et fort qu’il est autant italien que les autres et qu’il se battra jusqu’au bout pour son pays. D’ailleurs, les autres soldats le soutiennent et affirment qu’il se bat bien et a même été le premier à tuer un soldat ennemi. Pourtant, ils ne savent pas ce qui les attend dans cette guerre infâme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Delcourt réédite La mort blanche, album sur la première guerre mondiale, initialement publié en 1998 en France. Ce one-shot est l’occasion de retrouver les débuts du désormais célèbre dessinateur de Walking Dead. Cette remise au goût du jour est bien utile puisque l’on découvre un récit atypique malgré un sujet maintes fois traité en bande dessinée : la première guerre mondiale. En effet, les auteurs ne s’intéressent pas à la France pendant la grande guerre mais à l’Italie. Le front transalpin est donc un théâtre de cauchemar où les combats se font sous la neige. Les soldats et le sang laissent des traces sombres sur la neige et la mort blanche est partout. A travers le destin d’un bataillon mené par un chef sanguinaire et sans pitié, la guerre des tranchées est encore plus effrayante notamment grâce au contexte montagneux. Toutes les stratégies sont bonnes pour décimer l’adversaire et gagner quelques centimètres de terrain. Les soldats iront même jusqu’à provoquer des avalanches pour ensevelir l’ennemi : cette opération porte le nom de « Mort blanche », une pratique militaire authentique. Le récit est assez classique mais le ton est sinistre et profondément désabusé. Robbie Morrison tente de rendre compte de toutes les horreurs de cette guerre : la mutilation des blessés, la folie de certains soldats, les combats violents, la solitude extrême, la saleté et la mort qui rôde partout. Le récit vaut surtout pour le travail de Charlie Adlard. La représentation graphique de cette guerre est sublime. Le dessin en noir et blanc a une teinte particulière avec de grands aplats gris rehaussés par des touches de blanc éclatantes. Le cadrage est osé et souvent très lourd d’émotions et certaines planches sont des évocations sinistres d’une guerre atroce. Même si le gris est moins violent que le fond noir de Walking Dead, Adlard a l’art de mettre mal à l’aise dans un graphisme saisissant et qui ne laisse aucune place à l’espoir ou à la lumière. Le pari de Delcourt est doublement réussi car ce-one shot est une formidable occasion de redécouvrir un récit fort sur la première guerre mondiale et permet en plus de se délecter du travail de Charlie Adlard, vedette du catalogue Contrebande. Découvrez un autre regard sur la première guerre mondiale : « une avalanche est comme une guerre : ça commence petit puis ça s’intensifie, emportant tout ».