L'histoire :
«Bonjour, monde cruel. J'espère que ton humeur est meilleure que la mienne. Du café. Il me faut du café et après, un bon coma. Ah, la vie d'une fille dans une grande ville... Mais j'aime ça. Au fond, rien ne ressemble à N-Y. Elle chante comme un ange. C'est un sentiment... magique. Les gens pressés. Les secrets derrière les visages gris. Les gens fatigués, pauvres. Leur mine sinistre. Donnez-les nous. On les prend tous. Dylan dans "Le Village" et De Niro dans "Taxi Driver". Le Tammany Hall et Charlie Parker. Dîners au Demonico's et courses matinales chez Tiffany. Pas la peine de l'emballer, je la mets maintenant. On dit qu'en restant assez longtemps à un coin de rue, on voit passer toute l'humanité. Qui sait, j'essaierai, un jour...». La jeune femme brune qui porte un imperméable noir et des lunettes de soleil rondes aux verres chromés s'arrête, sa clope à la main. Elle demande du feu à un type qui affiche une bonne cinquantaine et un look conventionnel. Il ne fume pas et lui affirme, en désignant du doigt la cigarette, que cette saleté la tuera. Qu'importe, la fille lui tourne le dos, indifférente à la remarque. Elle ouvre sa main et en la portant à la hauteur de son visage, il en sort une boule de feu. La clope, la tuer ? Impossible, elle est immortelle. Elle est une fée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous souvenez-vous d'Aria, la série Image Comics du début des années 2000 ? Hé bien la voici renaissante, telle le phénix et rebaptisée Lady Kildare par Delcourt, pour ne pas créer de confusion avec la série éponyme de Michel Weyland, publiée au Lombard et chez Dupuis. Alors vous allez vous dire qu'on nous ressort un vieux plat, auquel cas vous vous trompez lourdement. Et sur le fond et sur la forme. En effet, l'Aria originelle fut une série qui développa le thème de la magie faisant incursion dans notre monde. Depuis, de nombreux comics ont décliné le concept, au premier rang desquels Fables et, hasard du calendrier (ou pas) encore et chez Delcourt, Excellence, oui mais voilà, cette Lady Kildare leur est antérieure... Nous disions donc un phénix et ce n'est pas mentir, puisque la seconde partie du livre a été retouchée par Brian Haberlin, avec l'accord des ayants-droits, le personnage d'Angela ayant fait l'objet de tractations commerciales surs lesquelles on se s'étendra pas. Alors on est charmé par le contexte et la forme (et quelles formes elle a, cette jolie fée), car les dessins de Jay Anacleto et Brian Haberlin sont extraordinaires. Roy Martinez vient aussi faire une pige, avec un style plus rude mais totalement dans la charte graphique qui a fait le succès d'Image Comics dans ces années-là. Ajoutez une colorisation qui joue à merveille sur la lumière et on a un rendu fantastique, ce qui colle parfaitement à l'univers de cette Lady. Côté scénario, c'est assez plaisant, rythmé et ponctué d'autant d'humour que de mystère, même s'il ne recèle pas de grandes surprises. Enfin, on trouvera une brève nouvelle pour conclure l'album et enfoncer le clou de cette série également truffée de références à une Angleterre, berceau de la magie. Lady Kidare est le comic book typique qui offre un chouette divertissement. Alors si Dylan aimait inviter sa lady Lay à s'allonger à ses côtés, installez-vous confortablement et invitez Lady Kildare d'user de ses charmes avec vous...