L'histoire :
Dans un van qui roule en plein désert mexicain, quatre type détiennent une jeune fille à qui ils ont passé un bandeau devant les yeux. Elle gémit, terrorisée. L'homme à la mine patibulaire qui est assis à côté d'elle, un fusil à pompe canon scié à la main, lui demande de se taire. Il redoute que sa plainte soit entendue par La Diabla. Le conducteur n'apprécie pas la remarque et lui demande de laisser celle qu'il appelle «la truie» couiner. Un autre type rigole en face de cette superstition, quand il ne voit que le paquet de dollars que le père de l'otage sera obligé de verser comme rançon. Le problème pour celui qui vient d'être traité par les autres de trouillard, c'est qu'il croit dur comme fer que La Diabla existe, parce que sa grand-mère lui avait dit, il y a bien des années, l'avoir rencontrée. Ce qui est sûr, c'est que diverses légendes, plus morbides les unes que les autres, se transmettent de génération en génération. Et tous en connaissent une version. Est-ce un fantôme ? Est-ce un démon ? Ce que les kidnappeurs ne vont pas tarder à constater, c'est qu'effectivement, La Diabla est à leurs trousses....
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Eric Powell est aimé des lecteurs de comics, ce n'est pas pour rien et s'il a eu l'Eisner de la meilleure histoire, ce n'est certainement pas pour rien non plus. Le point commun entre les deux ? The Goon bien sûr, formidable série qui met en scène un gros costaud attachant. Avec son humour pince sans rire, des personnages secondaires qui ont presque autant d'épaisseur que le vrai-faux mauvais garçon dont le look rappelle celui d'un docker à l'époque de la prohibition, les lecteurs du monde entier ont craqué. Il faut dire que le dessin n'y est pas pour rien non plus, réussissant l'exploit d'emprunter à la caricature tout en restant très élégant, avec une touche rétro compensée par des couleurs qui évoquent souvent les aquarelles. Bref, Powell a pour lui une patte reconnaissable entre mille et immédiatement et cela aussi, c'est la signature des grands. Ajoutez qu'il a un talent fou de conteur et la messe est dite au sujet de cet auteur complet, dont la dernière série, Hillbilly/, nous avait aussi laissés babas. Alors quel plaisir de retrouver à nouveau The Goon et sa fête foraine qui abrite des freaks (bien sûr en hommage au film), dont ses deux acolytes quasiment inséparables, le vieux et bougon Roscoe, aux plans toujours foireux et Francky, un gamin qui a le don de se transformer à l'envie en clébard ! Et tout ce petit monde va se retrouver pour un baroud qu'ils accompliront sous le coup de la menace. C'est ici l'occasion de faire la connaissance de La Diabla, qui ouvre le bal de ce volume, histoire qu'elle nous soit présentée. Et on peut vous affirmer que la mexicaine ne manque pas de sel, c'est même une créature piquante comme le Tabasco, pour ne pas dire qu'elle tabasse & Co ! Voilà, inutile d'en révéler plus, c'est truffé d'action, sans aucun temps mort et ça rend aussi un bel hommage aux comics d'antan. Bref, une valeur sûre !