L'histoire :
Lord Baltimore était là quand le fléau s'est déclaré. D'aucuns prétendent qu'il combat ce Mal indicible par culpabilité. Celle qui le ronge de n'avoir pu sauver son seul Amour. D'autres pensent qu'il ira jusqu'au bout parce qu'il n'a plus rien à perdre, ce qui le rend d'autant plus déterminé et dangereux. Officier dans l'Armée, il fut blessé dans une attaque mais fut seul survivant de son bataillon. En reprenant conscience, il fut témoin d'un horrible spectacle : des vampires se repaissaient de cadavres. Repoussant ceux qui voulaient s'en prendre à lui, il répandit leur sang sur le sol. Mais cette souillure portait aussi une terrible malédiction : ce sang impur, contenant la haine, avait contaminé la Terre entière. Alors le vampire Haigus, l'un des grands prêtres du Roi Rouge d'autrefois, avertit le Lord endeuillé : en tuant ses créatures qui ne s'en prenaient qu'à des morts ou des mourants, il a déclaré la guerre entre les hommes et les vampires. Et lui et l'humanité toute entière devront en assumer les conséquences...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Mike Mignola restera à jamais lié à sa créature extraordinaire, Hellboy, il a su trouver le moyen de créer tout un univers qui reprend les caractéristiques de ses récits fantastiques. On pense à BPRD, Abe Sapien ou même Joe Golem... et avec Lord Baltimore, c'est en quelque sorte à la mythologie vampirique qu'il s'est attaqué. Depuis quelques années maintenant, l'artiste à la patte immédiatement reconnaissable privilégie donc l'écriture au dessin. Il s'est adjint les services de Christopher Golden pour assurer ce switch et dans le même temps, il offrait à un pool de dessinateurs la possibilité de jouir d'une grande visibilité, tout en instaurant une charte graphique cohérente. Pas de clonage, cela eut été surfait, mais une «école» qui permet à chacun d'entre-eux d'apporter sa pierre à l'édifice, à tel point qu'on parle aujourd'hui de Mignolaverse. Lord Baltimore épouse donc ces qualités et ne décevra en aucun cas les fans de MM. Le récit est divertissant et ce volume n'échappe pas à la règle. L'astuce dans ce tome 6, c'est de narrer en parallèle deux théâtres d'action, situés en l'occurrence à Carthagène et Saint-Pétersbourg. L’élément un peu trop prévisible en revanche, c'est cette alternance mystère/baston contre «monstres de l'au-delà». Si le mélange est subtilement dosé, la recette est très classique, voire conventionnelle. Soulignons tout de même un intérêt de poids : les interactions entre les personnages amènent une tension quasi permanente. Un mot enfin sur le travail plus qu'honorable de Peter Bergting, dont les traits fins et le style nerveux participent au fait que l'album «marche quand même bien», avec les toujours superbes colos de Dave Stewart.