L'histoire :
Malibu, Californie. Ce matin, la plage n'a plus rien de paradisiaque. Le corps d'une femme est retrouvé. La police a pris les dispositions qui s'imposent en tirant un drap sur le cadavre et en interdisant l'accès au public. Pourtant, ce sont deux femmes qui accèdent aux lieux, visage fermé. Elles remercient l'inspecteur de la Crim' qui leur a passé un coup de fil. Un peu incrédule, il leur demande confirmation : elle sont des Parker Girls ? La réponse ne tarde pas : « Les Parker Girls, ça n'existe pas ! »... Une façon de dire qu'il est inutile d'en parler, parce qui si elles sont sur place, c'est pour reconnaître que des leurs, Piper. Elle est mariée à un des hommes les plus riches du monde, Zachary May. Sa boite fabrique des puces qui sont implantées sur 70 % des satellites mondiaux. L'ennui pour lui, c'est que sa femme avait des traces de sang dans les oreilles et que son corps s'est échoué alors que le yacht du couple croisait non loin. Ce n'est donc pas une mort par noyade...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Terry Moore est un vétéran des comics. Il est aussi l'exemple type de l'auteur qui a su s'imposer avec une série qu'il a créée de toutes pièces, en l’occurrence Strangers in Paradise, pour laquelle il a été primé d'un Eisner Award. Avec Parker Girls, il renoue avec la série qui l'a porté aux nues de l'industrie des comics et c'est une nouvelle réussite à son actif. Dès les premières pages, on est immédiatement happé par l'atmosphère de cette intrigue dont on devine l'âpreté. L'auteur connaît toutes les bonnes ficelles du polar car dès le départ, on connaît le coupable. Le suspense ne se situe donc pas dans l'enquête elle-même, mais dans la façon dont les Parker Girls, nom qui désigne une organisation criminelle qui ne compte donc que des femmes, vont étriller un milliardaire bien stéréotypé. Zachary May incarne en effet le portrait de la réussite actuelle, jeune et à la tête d'un empire technologique. Cynique comme un homme politique, il tient des discours pro-environnementaux alors qu'il est corrompu jusqu'à la moelle. Et bien sûr, c'est un lâche de première. Alors on se régale de voir à quel point les nanas qui vont lui faire la peau sont implacables dans leur vengeance, même si Terry Moore sait aussi exprimer leur fragilité. Côté dessins, c'est également un pur régal, car, on dira ce qu'on voudra, le noir et blanc et le polar forment une combinaison sans pareille. Bien sûr, le trait de l'auteur est d'une grande pureté et son story-telling est aussi supérieur, avec par exemple les quelques pages muettes qui ponctuent les 10 chapitres de la mini-série. Une sacrée bonne came que ces nanas-là !