L'histoire :
Schizophrène, interné à l'âge de dix ans pour le meurtre de sa mère, libéré à 24 ans pour avoir montré des signes de guérison complète, Elvis Twin a disparu de la circulation pour devenir « Le Varan », tueur à gages au sang froid. Ses missions se déroulent sans encombre, jusqu'à ce que l'une d'elles l'amène dans l'atelier d'un artiste illuminé, qu'il doit éliminer à la demande de son agent, dans le but de faire monter la côte de ses œuvres. L'arrivée dans l'atelier de l'artiste fait remonter à la surface Ortog, la face monstrueuse et assoiffée de sang du Varan, le double ultra violent qui sommeille en lui depuis son enfance. La mission se transforme en massacre, et une errance sans but commence pour Le Varan, à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Partout ou Elvis Twin se trouve, apparait Ortog, déchainant une violence aveugle et cruelle. Alertée par les unes des journaux, l'équipe des mystérieux scientifiques qui avait étudié la schizophrénie de Twin reconnait dans ces meurtres sanglants la signature du « cobaye » dont ils avaient perdu la trace…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un nouveau virage dans la carrière de Pierre Yves Gabrion, qui semble avoir choisi de surprendre, voire de dérouter, à chaque nouvelle publication. Après le convaincant Kern, il nous livre une série noire aux accents fantastiques, empreinte de violence et dénuée de tout sentiment. Pré-publiée page après page sur internet depuis mi-2008 (http://www.bdprimalzone.net/), cette aventure a évolué au gré des envies de l'auteur et des commentaires des internautes, avec une ligne directrice forte, mais un scénario non écrit à l'avance. Défouloir pour les sentiments profonds de Gabrion, exutoire où se reflètent les expériences douloureuses de sa vie personnelle, l'album surprend par sa dureté et l'enchainement hypnotique des séquences. Un peu à la manière de La Nuit de Philippe Druillet, on ressent la volonté de décharger les sentiments sur papier, quitte à sacrifier la subtilité du scénario pour cela. Sur le plan graphique, passé l'effet de surprise des premières pages très réussies, on saute du coq à l'âne. Les pages au noir et blanc très léché deviennent parfois des séquences hâtivement réalisées. On passe sans transition de la comparaison avec Frank Miller ou Will Eisner (Gabrion emprunte littéralement des visages et des paysages aux deux maitres américains du noir et blanc), à un graphisme brouillon qui rappelle les séries italiennes des années 70 (remember Mon Journal ?). De même, certains visages très réussis sont des vraies créations (le personnage principal), tandis que d'autres sont visiblement des copies de photos. Une irrégularité probablement explicable par le principe même de ce projet en flux tendu, mais aussi par un travail « sans papier » sur table graphique, qui facilite l'incorporation de visuels d'origines différentes. En bref, une nouvelle série qui n'a pas encore trouvé son équilibre et s'appuie de manière trop évidente sur les références du genre. Un album malgré tout atypique et sans concession, à découvrir en toute liberté sur le net, où les premières pages du tome 2 sont déjà visibles.