L'histoire :
Non loin d'une petite ville située dans une vallée et entourée par des dunes et un paysage quasi désertique, un petit garçon semble perdu. Il erre, pieds nus, ses vêtements sont sales et déchirés en divers endroits. Son visage est émacié. Clairement, il est à bout de forces. A quelques centaines de mètres de la ville, il s'effondre et perd connaissance. La nuit tombe... Au lever du soleil, il est encore inanimé. Dana, une jeune fille de la localité voisine, a pour habitude de faire de longues balades au petit matin. Par chance, elle trouve le petit garçon et le réveille. Dana voit bien qu'il a l'air désœuvré alors elle lui donne son sandwich au beurre de cacahuètes. Le gosse l'engloutit aussitôt. La bienveillance de Dana l'a mis en confiance mais il apparaît qu'il ne parle pas. Dana lui demande comment il s'appelle, alors il prend une branche et dessine un K sur le sol sablonneux. Et même si sa mère risque de l'enguirlander, Dana décide de le ramener chez elle, en le cachant dans la grange de sa ferme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quasiment 10 ans sont passés depuis la dernière parution de Sean Ford, Only Skin, chez Rackham, un récit fantastique qui empruntait aussi à la psychologie, puisque la psychose gagnait la population d'un petit bled qui semblait devenu hanté. Avec Shadow Hill on retrouve beaucoup de ces éléments. L'action se situe aussi dans une petite ville perdue et dont le déclin démographique a été stoppé par l'implantation d'une industrie. Pour l'aspect fantastique, ici c'est une sorte de maladie qui se répand comme une trainée de poudre et le traitement se juxtapose à un drame familial qui amène aussi un aspect intimiste au récit. Malgré la diversité des éléments que l'auteur combine, l'histoire tient le lecteur en haleine, on a même l'impression que le thème d'une jeunesse qui se cherche alors que tous tombent malades provient d'une (lointaine) inspiration de Black Hole. Mais la comparaison s'arrête là car si ce graphic novel a des qualités, il n'est pas aussi dérangeant que le chef d’œuvre de Charles Burns. Bien au contraire, Sean Ford prend le parti de mettre en scène des sentiments douloureux avec une forme de douceur qu'on retrouve dans son graphisme assez simple et ses couleurs pastel. Mais cette fiction serait finalement très classique si on n'y trouvait pas également une claire dénonciation de la pollution dont les industries se rendent coupables, empoisonnant les gens qui vivent aux alentours. On y voit même une allégorie pure et simple de la destruction de l'humanité. Vous l'avez compris, Shadow Hills ne respire pas le bonheur, mais son message est pourtant beau. Tant qu'il y a de la vie...
