L'histoire :
Owen Young est un flic intègre et dynamique, doté d’une compétence psychique très pratique : il est doué de précognition, c'est-à-dire qu’il voit par flash des évènements qui vont se produire à quelques heures d’intervalle. Or, avec le temps, il s’est également aperçu qu’il était télépathe et il ne l’a pas déclaré auprès du fichier central des « psis ». L’oubli de cette formalité lui vaudrait plusieurs années de taule si l’on venait à s’en apercevoir. Car en influant secrètement sur les facultés de décisions des tiers, les télépathes brouillent leurs sens des responsabilités. Profondément honnête, Owen n’a cependant jamais utilisé ce pouvoir sur son entourage et il est jusqu’alors parvenu à le dissimuler psychiquement aux autres télépathes, et même à sa compagne. Jusqu’au jour où, dans le feu de l’action, il arrête un criminel télépathe non déclaré, sans activer ses barrières mentales. Immédiatement ce dernier s’en aperçoit et le dénonce, avant d’être assommé. Ses collègues l’aident alors à museler le criminel et à étouffer l’affaire, car cet aveu annulerait rétroactivement nombre d’arrestations du service sur plusieurs années…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est bien connu : on n’utilise que 5 à 20% des capacités de notre cerveau. A quoi donc peuvent servir les 80% restants ? L’idée de Small gods est de doter une personne sur 100 d’un pouvoir psychique particulier : télépathie, télékinésie, pré-empathie, précognition… Ces dons sonnent parfois comme des malédictions dans cet univers où il est impératif d’être fiché pour des questions de respect de la vie privé. Une goutte de fantastique dans un univers contemporain, et l’on est véritablement happé par les 3 intrigues qui composent ce pavé, alliant action, réflexion et réalisme. Dans Sourire assassin, le flic Owen doit masquer son don de télépathe (cf résumé). Dans la main du mort, des ripoux poursuivent à mort Bobby Pope après s’être servis de son don de « tel-emp » (faculté à voir la scène de la seconde suivante). Enfin, dans Chassé croisé, le plus courts des 3 récits, ces deux personnages se rencontrent après avoir permis de neutraliser des braqueurs de banque. Hormis peut-être quelques longueurs au milieu du second récit, l’ensemble est brillamment orchestré par Jason Rand. S’appuyant sur d’excellentes idées de départ, le scénariste s’appuie également sur des dialogues qui sonnent vrai. Entièrement réalisé sur un style réaliste en noir et blanc, ou plus exactement en « niveaux de gris », l’argentin Juan E. Ferreyra maîtrise ses ambiances graphiques. Les scènes d’actions utilisent au maximum les profondeurs de focales (premier plan net, arrière plan flou) et s’inscrivent dans un découpage très cinématographique. A noter, ce premier volume devrait bientôt être suivi d’un second, aux intrigues indépendantes...
