L'histoire :
Résidence Palm Court, près de Palm Beach, Floride. 5 mai 1979. Annie Chesswick se pomponne. Ce matin, elle va rendre visite à une de ses amies du quartier. Annie a 27 ans mais elle déjà deux fois maman. Annie, c'est une super maman. Du genre à laisser ses gosses seuls quand elle va boire un coup de Chardonnay chez Candy, qui lui explique que depuis qu'elle baise avec un toubib, ça va beaucoup mieux dans sa vie. Et ça va d’autant mieux qu'il lui prescrit des cachetons qui lui font du bien. Annie n'est pas vraiment branchée pour un 5 à 7 dans le dos de son mari, ce serait même une corvée pour elle. Non, ce qui la branche bien, en revanche, c'est un sac Chanel et de belles fringues. Alors le lendemain, elle reçoit sa carte Master Charge et la première chose qu'elle fait, c'est les boutiques. Et elle craque. En embobinant une vendeuse, elle vole un sac Chanel. Manque de chance, elle se fait pincer par un vigile qui l'a vue faire au moyen de caméras. Mais il la font chanter : ils ne la donnent pas aux flics si elle accepte leur marché. Lui et son collègue dealent de l'herbe. Alors ils lui proposent de stocker le matos et six semaines plus tard, elle empoche 900 $...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tueurs, voleurs, menteurs... et tarés, c'est le nom d'un chapitre de l'arc qui boucle la troisième partie, La reine de Palm Court, avant d'enchaîner Roulez jeunesse. Oui, on pourrait retenir que la série, qui s'étire sur plus de 2000 pages depuis 1995, est un ramassis de tueurs, voleurs, menteurs... et tarés. Ce serait sans compter sur les camés qui animent la dernière partie ! Mais plus sérieusement, on ne pourrait se contenter de la résumer à ce point. Oui, Stray Bullets, c'est l'Amérique des déglingos, c'est un ton qui rappelle le Reservoir Dogs de Tarentino, les couleurs en moins, mais c'est surtout l'histoire de criminels qui n'appartiennent pas à une mafia car tous (et toutes) ont mal viré à cause d'une histoire familiale tordue. C'est la vie qui les a tordus. Et personne ne remonte la pente, tous englués dans la violence. Alors ils tuent, perpétuellement. Beth, Nina, Orson/Derek, Kretch, Monster, Spanish Scott, tous tueraient père et mère (et on ne le dit pas par hasard) pour le blé, pour les affaires, pour la vengeance, voire pour le plaisir. et tout ce qu'on peut vous dire, c'est que finalement, personne n'est indemne, surtout pas le lecteur. On peut aussi vous redire que David Lapham accomplit encore une fois un tour de force. Parce que ces histoires sont à nulle autre pareille, parce que son cadrage, toujours très sage avec gaufriers, n'empêche pas qu'on en prenne plein les yeux (pour rester poli). Parce que son noir et blanc amène le rythme et l'équilibre parfait de ces histoires trash... et terriblement humaines.