L'histoire :
Clementine a 17 ans et elle s'apprête à quitter la communauté dans laquelle elle est restée de longues années. Pour une survivante, elle est plutôt très bien lotie, car elle habite seule un grand manoir, il est vrai, désaffecté. Mais maintenant qu'une coalition a réussi à réunir trois camps, dont le sien, elle n'aspire qu'à une chose, partir dans le Nord, direction les Appalaches. Elle sait très bien qu'elle va braver le danger, avec sa prothèse à la jambe. Mais quand on est revenue d'une morsure de rôdeur, que peut-on craindre au juste ? Ce qu'elle sait aussi, c'est qu'elle n'est pas heureuse. Elle ne supporte plus les autres. En réalité, elle ne supporte plus la peur de perdre ses proches. Elle ne supporte plus de s'y attacher... Elle dit qu'elle a planqué une voiture à quelques kilomètres, pour rassurer ceux qui versent des larmes et ne veulent pas qu'elle les quitte, dont un môme qu'elle a vu naître mais en réalité, elle va devoir marcher avec sa béquille et assez vite, elle va se retrouver dans de sales draps car au cours d'une attaque de rôdeurs, en fuyant, sa jambe de bois se brise entre deux rochers...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On vous voit venir de loin et on ne peut pas vous en tenir rigueur : une adaptation d'un jeu vidéo, lui-même dérivé d'une série mythique, il y a de quoi se méfier. Oui mais voilà, Robert Kirkman étant aux commandes de Skybound, une sorte de label d'Image Comics, il reste aussi le garant de tout ce qui peut toucher à sa série culte et en matière de livres, il faut avouer qu'il s'est rarement planté. En confiant cette nouvelle série à Tillie Walden (Spinning, Dans un rayon de soleil), il choisit la jeunesse. L'autrice a 27 ans et elle s'est faite remarquer pour la sensibilité de ses romans graphiques. Une touche d'humanité dans un monde en perdition, de la fragilité face à l'apocalypse zombie : un contraste radical qui s'avère payant avec ce début de série. L'autrice se montre en effet très habile en gérant la contrainte de l’adaptation du scénario du jeu vidéo dont provient l'héroïne. On le sait, par définition, le script d'un jeu vidéo est souvent très linéaire mais l'autrice transforme cette contrainte en une force. Ainsi, elle fait du voyage dans les cimes enneigées un théâtre particulièrement angoissant, où la montagne vient jouer un rôle de huis-clos, ce qui est assez remarquable. Le rythme est également bon, alternant la solitude avec de dangereuses rencontres, telles qu'on les connait dans Walking Dead, où les humains n'amènent guère plus de sécurité que les rôdeurs. Même si la fin est un peu décousue, le tout se tient remarquablement bien. Côté graphismes, ils sont presque naïfs, en tout cas sobres. C'est Cliff Rathburn qui assure les dégradés de gris, comme dans la série-mère, ce qui amène aussi de l'homogénéité.
