L'histoire :
Alex Colby fait de méchants rêves dans lesquels d’inquiétantes créatures extraterrestres viennent le chercher. Il a peine à se reposer et à chaque fois qu’il le fait, où qu’il se trouve, ce cauchemar revient. Jusqu’au jour où il tombe d’une fenêtre. Mais qui sont ces étranges personnages qui vont l’opérer ? Dans Out of Time, Joey fuit après avoir tué accidentellement un homme dans une ruelle. Et puis, un mur s’ouvre devant lui, le transportant dans le temps au sein d’une cabane habitée par un vieillard lui proposant d’échanger leur époque. Trop content d’accepter, il sera trop tard lorsqu’il comprendra qui était ce vieux monsieur dans son époque. Dans Le fantôme de PleasureIlsand, Hubb’ Chapin, détective privé, enquête sur des meurtres en série perpétrés dans ce parc d’attraction. Travaillant pour le patron de cette structure : Jonathan Norwood, il doit comprendre à qui profite le crime, et quel rôle joue Jessica sa femme, ou bien Graham Short, l’autre propriétaire concurrent. Les meurtres continuent, et puis Hubb comprend, mais trop tard… Mr Boone, dans Irréel (Unreal) est cascadeur aux studios d’Hollywwod. Froid et réglé comme du papier à musique, il est craint et respecté. Il enchaîne les cascades tel le professionnel qu’il est, mais à chaque pause déjeuner, il s’assoit seul dans un fauteuil sans manger. Le soir pourtant, son chauffeur privé est témoin de la particularité de son patron...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alex Toth fait partie de ces auteurs qui ont laissé une empreinte indélébile dans le milieu du comics. Sa carrière non linéaire a débuté en 1943, mais c’est en 1952 seulement, lorsqu’il déménage en Californie, qu’il délaisse les super héros et acquiert sa patte stylisée. Alex Toth est aussi responsable des premiers épisodes de Torpedo 1936, du bel album Bravo pour l'aventure (1973 mais 1981 Futuropolis), et de la très belle adaptation de Zorro (idem, 1990). On se reportera à la biographie détaillée de Jean Depeley au sein de l’album afin d’en apprendre davantage. La plupart des histoires présentées ici ont été publiées en France dans les années 70, mais aussi dans l'Echo des savanes Spécial USA, et deux albums en regroupant certaines ont paru : Comiques Mécaniques (Icare-Futuropolis, 1981), repris ici en grande partie, et Hurlements (Comics USA 1988) dont on retrouve « Survival » et « La faucheuse ». Le reste des travaux de cette trempe de l'auteur se trouve dans les précédentes anthologies, Creepy et Eerie éditées précédemment par Délirium. Celles-ci sont invariablement présentées de la même manière, à quelques exceptions notables : l'oncle Creepy introduit le contexte puis, le conte horrifique terminé, le conclue avec une ironie d'un humour glaçant. Si les scénarii, réalisés par les piliers de la revue : Archie Goodwin, Gerry Boudreau, Rich Margopoulos, Doug Moench, Bill Dubay, Steve Skeates ou encore Nicolas Cuti ou Roger McKenzie, sont typiques du genre et n'apportent pas une contribution inoubliable au thriller en bande dessinée, il faut cela dit les replacer dans le contexte de ces années soixante. Phantom of the Pleasure Island, de 1975, commence néanmoins à installer une autre atmosphère que les sempiternelles récits de vampires, sorcières ou extraterrestres, et l'on sent poindre du thriller bien noir, et une tension, entre autres via le suspense, le personnage féminin, et la chute finale. Cela va se confirmer avec Pris au piège et les autres récits des années quatre-vingt tel La faucheuse. Là, le style Toth propose de beaux contrastes noir et blanc, sur un trait fin, typique, reconnaissable entre mille. Survival ressort nettement du lot, avec un scénario moins typé, laissant davantage l’âme humaine s’exprimer, tout comme le trait et l’encrage du dessinateur. Un style là encore aux grisés faisant la différence. Papa et Pi, de 1975, malgré un scénario de Bill Dubay, possède cette poésie propre à l’auteur dessinateur, et compte parmi les plus belles histoires du recueil. Certaines illustrations sont malheureusement encrées par d'autres et lui font perdre tout son charme (on dirait parfois du Alex Nino). En fait, ce sont surtout les séquences scénarisées par l'auteur lui-même qui vont nous apporter le plus de plaisir. Le style de Toth dans : Tibor Miko, Irréel, et Une preuve tangible, toutes quatre de 1976, utilise pratiquement systématiquement un fond noir, très esthétique, et des grisés qui lui sont propres. Les cases sont assez aérées, utilisant beaucoup de plans rapprochés, permettant l’inclusion de textes importants, soit en bulles soit sous forme de pavés de texte, et ces derniers laissent transparaître une poésie toute personnelle. Une fluidité en tous les cas bien plus prégnante que dans les récits de ses pairs. Un témoignage analytique de Jean-Pierre Dionnet, fan parmi les fans, est disponible sur le site de l'éditeur (ici), mais hélas absent de cette édition. Ce recueil patrimonial particulièrement soigné, modelé à partir de l’anthologie Dark Horse de 2015, est traduit avec brio par Doug Headline. ...Alex Top !