L'histoire :
Laissant à Melniboné son cousin le prince Yrkoon sur le trône de Rubis comme gérant, ainsi que sa cousine et fiancée : Cymoril, pleurant son départ et désespérant son retour, Elric, prince héritier, a quitté Imrryr, la cité qui rêve, pour aller apprendre les us et coutumes des humains et des jeunes royaumes. Pourchassé au delà de la ville de Ryfel, après un malentendu avec le gouverneur, il a dû poursuivre jusqu'aux frontières de Pikarayd, s'enfonçant dans les vallées désertes des collines noires, puis abandonner son cheval. Arrivé au bord de l'océan, sans forces, il est prêt à mourir, quant au petit matin, transi, il est accueilli par un navire surgit des brumes. Le capitaine, quelque peu énigmatique, semble l'attendre et lui explique que son navire croise entre les mondes. Il lui présente trois grands guerriers : Hawkmoon, le prince Corum et Erikose, trois autres soi-disant incarnations de lui-même dans d'autres réalités. Tous les quatre vont devoir ne faire qu'un, pour combattre une entité inhumaine. Dans un second gros chapitre, Elric s'étant séparé de ses compagnons va faire connaissance avec le comte Smiorgan, alors qu'ils sont tous deux capturés par une bande de pirates. Ils vont affronter bien des épreuves, jusqu'à traverser la porte écarlate pouvant les mener à la cité mythique R'Lin K'Ren A'A, où Elric pourrait découvrir les secrets et origines de sa lignée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de ces aventures en bande dessinée, restant assez méconnues, de la série de romans de Michael Moorcock, avait permis de corriger une injustice, avec une présentation luxueuse et un contenu à la fois déroutant et enthousiasmant. On retrouve le ton d'un récit d'Heroïc Fantasy tel que les années quatre-vingt ont pu en produire dans les comics de chez Pacific ou First, et que d'aucun ont pu découvrir en France chez Aredit ou dans les revues françaises « comètes » telles Eclipse ou Epic. Le dessin est assuré cette fois par Michael T. Gilbert avec George Freeman aux couleurs et c'est un plaisir des yeux. Sans comparer de manière trop académique avec le premier tome, on ressent ici le souffle non seulement du large - une grande partie des planches se déroulant en mer - mais surtout du style art nouveau qu'un maître comme Barry Windsor Smith a pu participer à développer dès la fin des années soixante dans les comics. Les compositions sont aérées, légères, n'hésitant pas à exploser les cadres. L'encrage paraît un peu plus affiné, et parfois quelques trames peaufinent certaines ambiances. On remarque aussi les beaux effets de titres « à la Eisner » et quelques planches laissent pantois (comme l'invocation du dieu insecte). Les couleurs sont ici plus lumineuses, surtout rose bonbon ou flashy, bien que quelques-unes pourront paraître par moment un peu « indigestes » à certains lecteurs peu habitués. Ces exagérations traduisent cependant, et sans aucun doute, les situations cauchemardesques traversées par nos équipées, dans des mondes d'un autre espace temps. Quoi qu'il en soit, on est happé par ce maelström d'aventures extraordinaires, faisant partie de la trinité du genre. La poésie inhérente au style moorcockien sur cette série est bien présente et se traduit tel un nectar coulant suavement devant nos yeux et à l'intérieur de nos oreilles. Un rythme Mélnibonien, nous entraînant avec Elric vers d'autres horizons de plus en plus éclairés. 11 pages proposant couvertures originales, iconographies et biographies succinctes des auteurs concluent cet excellent volume. Prenez votre destin en main : naviguez avec Elric le nécromancien !
