L'histoire :
Aucun citoyen d'aujourd'hui ne peut appréhender l'immensité de Mega-City One au début du XXIIeme siècle. Plus de 800 millions d'habitants. Cent fois la population de Londres, entassée dans de vastes Cityblocs, abritant chacun plus de 60 000 citoyens. Chaque Citybloc est donc une ville dans la ville. Depuis sa naissance dans l'hôpital du bloc, jusqu'à son inhumation au crématorium du bloc, un citoyen peut passer une vie entière sans quitter son bloc. A Mega-City One, 13% à peine de la population travaille et la tension permanente peut faire place, d'une seconde à l'autre, à un déferlement de violence. La densité de population est telle que pour faire régner la Loi, un système judiciaire de fer doit contrôler les rues. Les Juges patrouillent et ils rendent leurs sentences immédiatement. Cette nuit là, à quatre heures, le Juge Dredd ne s'attendait pas à ce que son vid-écran s'allume. Il ne s'attendait surtout pas à ce que Harry Carmen, qu'il avait envoyé à l'ombre pendant six ans, le menace de tuer sa nièce, qu'il a kidnappée ! Cet imbécile de Carmen n'a toujours pas compris que s'en prendre à Dredd, c'est plus dangereux qu'une tentative de suicide ! Pour lui comme pour tant d'autres contrevenants, la sentence va être immédiate et irrévocable !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si la revue 2000AD a acquis ses lettres de noblesse durant environ une quarantaine d'années et plus de 2000 numéros, c'est sans doute parce qu'elle a été le berceau du Juge Dredd. Dans ce volume, qui se situe environ deux et trois ans après la première publication, c'est Jonh Wagner, (cocréateur du personnage avec Carlos Esquerra) qui signe le scénario, à l'exception d'un épisode écrit par Pat Mills. Tout ce qui fait la richesse des récits de ce Juge et policier à la fois est ainsi présent, car il serait une erreur grossière que de penser qu'il s'agit là de récits consacrés à une sorte de flic bourrin du futur. Judge Dredd s'inscrit ainsi dans la vision d'un monde que la technologie a déshumanisé, monde qui se résume par ailleurs à l'existence de villes surpeuplées n'offrant que ségrégation (sociale et géographique) et chômage, accouchant d'une violence permanente. Alors, la réponse formulée par les élites et qui leur permet de conserver leur pouvoir et privilèges est simple : constituer un corps de justiciers chargés d'intervenir et de punir immédiatement toute entorse à la Loi. La sentence est irrévocable et sans appel. Vous l'avez compris Judge Dredd se caractérise certes par l'action, la plupart des histoires répondant à un format court, se prolongeant parfois sur deux ou trois épisodes, mais elles relèvent surtout de la satire acerbe. Judge Dredd, c'est le mélange de la SF et de l'humour noir, mais c'est surtout un comics à dimension politique. A titre d'exemple, la publication est britannique mais le théâtre de ce fascisme high-tech, la ville de Mega-City One, est américain ! Pour qui a un peu d'esprit, le second degré permanent est ainsi la trame de fond qui rend chaque récit succulent. Côté graphismes (exclusivement en noir et blanc), c'est la grosse gifle : Brian Bolland nous laisse baba, avec ses encrages d'une précision absolue et ses cadrages hallucinants. Ron Smith fait également valoir la finesse de son trait et est-il vraiment utile de qualifier le travail de Dave Gibbons .. pour ne citer qu'eux. En tout cas l'ensemble est remarquable d'homogénéité. Un volume une nouvelle fois de très belle facture, avec son grand format, ses 260 pages et des bonus qui le concluent. Alors sachez que si vous commettez l'hérésie de ne pas vous intéresser à cette intégrale, la sanction sera immédiate !