L'histoire :
L'enfant juge : Le juge Gevy, sorte de devin, délivre sur son lit de mort une terrible vision : la destruction de Mega City One par la guerre et son invasion par des créatures immondes. Cependant, un enfant peut sauver la ville. Un garçon qui arbore l'aigle de la justice sur le front. Son nom : Owen Ktysler. Il faut à tout prix le retrouver et Juge Dredd est missionné pour cette tâche. Cependant, l'enfant vient d'être enlevé dans la terre maudite, et c'est un très long périple qui s’engage, Dredd et deux autres juges devant traverser la galaxie à sa recherche... Les 25 chapitres de cette aventure sont suivis de 17 autres récits courts, mettant en scène soit de nouveaux personnages tel Fink, ou d’autres, déjà connus, tel Otto Sump, l’être le plus hideux de la série et des histoires très divertissantes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En lisant le run de l'Enfant-Juge, et plus particulièrement la bataille monstrueuse sur Agros, faisant l'objet d'un match sanguinaire retransmis en direct, (cf les pages 90-91 avec l'apparition de la roue de guerre), revient ce sentiment éprouvé lors de la découverte de certaines des premières planches de Dredd, ou bien celles, plus récemment, de Némésis le sorcier. L'influence de cette thématique a aussi été telle qu'on la retrouve jusque dans le récent VS d'Esad Ribic (chez Panini). Cette profusion de détails, cette exubérance dans le traitement graphique, illustrant finalement avec génie le délire scénaristique du tandem John Wagner et Alan Grant, ne pouvaient que susciter une forme de rejet à l’époque. Aujourd'hui, avec le recul, et en plongeant volontairement dans ces histoires superbement réunies chronologiquement, cette stupeur est à peine atténuée, s’accompagnant néanmoins d’une reconnaissance et d’un respect profonds pour le travail de ces auteurs. Quelle maestria en effet, quelle pugnacité à retranscrire ces idées folles sorties de cerveaux en ébullition, devant trouver une suite chaque semaine pour la revue 2000AD. D'ailleurs, comment ne pas applaudir des deux mains cette idée géniale d'une longue quête de 180 pages, ponctuée de chapitres indépendants, tous plus fous les uns que autres ? A noter une option Space Opera assez peu commune jusqu'à présent dans la série, où le juge, accompagné de la belle Hershey et du moustachu Lopez, voyagent de planètes en planètes à la recherche de l'enfant prodigue. L'occasion de petits résumés à chacun des chapitres, par le biais du journal de bord très personnel de Dredd. Un régal, suivi par 17 autres récits tout aussi funs, où l’humour se mêle à l’horreur. Le tout magnifié par les dessins de Ron Smith en majorité, mais aussi Ian Gibson, Steve Dillon, Mike Mc Mahon, ou Brian Bolland. Ces récits datent des années 1980 et1981, et même si ce genre de BD pourra encore largement rebuter les âmes bien pensantes, restées accrochées à une certaine idée ultra classique du médium, il ne fait aucun doute que d'autres amateurs se réjouiront de cette parution. BD de science-fiction à forte tendance hilarante, débordante de liberté et de surprise, et si moderne dans ses propos dénonciateurs, le Judge Dredd de ces années-là vaut la dépense. D'autant plus que 30 pages couleur reproduisant les couvertures originales sont jointes. Un tome excellent et réjouissant de bout en bout. Drokk !