L'histoire :
Cette anthologie réunit 5 récits dont :
- Moonchild : Rosemary Black est une adolescente apparemment comme tant d'autres. Pourtant, vivre avec sa mère n'est pas chose facile car cette dernière la bat souvent, souhaitant expulser le mal qui est soit-disant en elle. Devant les plaintes des voisins, sa mère a même eu le droit de passer devant le tribunal et d'être acquittée. Rosemary est une adolescente discrète, gentille et naïve. Le fait qu'elle porte de vieux vêtements, ait une coupe de cheveux vieillotte et n'ait même pas la télé chez elle lui valent régulièrement les railleries de certaines de ses camarades de classe. Seule Anne est gentille avec elle. Après les cours, un jour, elle lui propose de se rendre au salon de coiffure de sa mère. Cette dernière lui fait une coupe plus à la mode et qui laisse dévoiler un peu plus le front de Rosemary. Sur celui-ci se trouve une marque étrange en forme de lune. De retour en classe, Norma, une élève qui a fait de Rosemary la cible de harcèlement, lui joue un mauvais tour avec un pétard. La jeune fille voit ses cheveux prendre en partie feu. De colère, elle souhaite que Norma souffre, si fort que la bibliothèque située à côté de cette dernière manque de s'écrouler sur elle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que les mangas ou les comics ont depuis leurs débuts imaginé des récits à destination d'un public large, masculin ou féminin, adolescent ou adulte, cela n'a pas été le cas du petit monde de la bande dessinée franco-belge qui a longtemps évité de réfléchir à un public féminin. Ainsi, les premières traces d'un manga dit shôjo datent du début du XXe siècle pour finalement s'établir au lendemain de la seconde guerre mondiale. Du côté des comics, on notera évidemment les séries Archie Comics dès 1942 ou les fameux Young Romance du duo Joe Simon et Jack Kirby en 1947. À la fin des années 70, le légendaire Pat Mills œuvrait déjà depuis des années pour 2000AD et alors qu'il réfléchit à de nouvelles opportunités, l'envie de développer une nouvelle revue à destination des filles ne cesse de le hanter. Et s'il mettait en scène des adolescentes dans des récits teintés de fantastique ou d'horreur ? C'est ainsi que Misty a débuté sa parution en 1978. Même si le magazine n'a pas eu la pérennité d'un 2000AD, son succès est réel et certaines de ses histoires vont marquer des générations de lectrices et aussi de lecteurs. À l'instar des mangas de Kazuo Umezu comme Baptism, Misty peut parfaitement être lu par n'importe qui, fille ou garçon. L'horreur et la violence de certaines situations jouent beaucoup sur l'aspect psychologique des héroïnes. Les cinq histoires retenues dans cet album captivent très vite. L'écriture de ces récits est assurée par Pat Mills ou Malcolm Shaw. Si la première histoire rappellera volontairement le Carrie de Stephen King, les autres se distinguent des classiques du genre et présentent une vraie originalité dans leurs trames scénaristiques. La variété est là et les frissons naîtront forcément chez les plus sensibles ! Visuellement, l'ensemble est soigné. Le trait réaliste choisi par les différents artistes est globalement bon et l'on appréciera plus particulièrement la finesse de Juan Ariza par exemple. Bénéficiant d'une sublime couverture qui par sa composition rappellera les travaux d'un Junji Ito, Misty est un chaînon manquant que les éditions Delirium nous permettent de découvrir. Enfin.