L'histoire :
La Terre a été ravagée par une série de guerres nucléaires et d'invasions extraterrestres. A la surface, c'est un monde désolé, où survivent à grand peine quelques ressortissants, d'ores et déjà condamnés. Mais sous la surface, c'est un monde fourmillant qui existe. La planète a en effet été évidée et en son sein, existe un immense réseau de tubes de transport qui relient d'innombrables villes. Aussi, la Terre porte désormais le nom de Termite. Tomas de Torquemada dirige de main de fer cette société refondée. Il est non seulement en charge de l'Ordre et de l'application de la Loi, qu'il fait respecter par les Terminators, mais il planifie également les opérations extrêmement populaires visant à exterminer toute vie extra-terrestre, avec l'objectif de mener à bien l'expansion des hommes dans tout l'univers. Celle-ci s'est avérée possible grâce à la création de trous noirs artificiels. En réussissant à les implanter, des raccourcis vers tous les azimuts de la galaxie se sont multipliés, permettant désormais l'accès et la colonisation de mille mondes. Torquemada, archi-bigot et Grand Inquisiteur, contemple désormais la réalisation de son rêve de gouverner un véritable empire galactique, au moyen d'une armée de fanatiques. Mais la révolte gronde, sur sa planète et ailleurs : les terriens opprimés ainsi que d'autres races se soulèvent et se fédèrent autour d'un leader : Nemesis !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois, les éditions Delirium proposent en France un véritable chef d’œuvre qu'on doit aux comics britanniques, sorti en l’occurrence de l'imagination de Pat Mills et Kevin O'Neil. Comme le prolifique scénariste l'explique dans sa préface, c'est un refus éditorial, vécu comme une censure, qui est à l'origine de la création de la série. Les deux complices avaient en effet imaginé une histoire centrée autour de l'idée du tube, ce système sous-terrain de communications. Trop bizarre, trop complexe, pas assez ci, pas assez ça. Mais ceux qui créent ne renoncent jamais à leurs projets, fussent-ils incompris. Alors comme pour démontrer que ce refus était une grossière erreur, ils poussèrent encore plus loin le concept, en se donnant absolument toutes les libertés, au premier rang desquelles celle de déconstruire les codes traditionnels du média. On est à la fin des années 70 et Metal Hurlant a commencé le boulot, influençant Pat Mills dans sa volonté de prendre le contrepied de tout ce qui peut être classique dans cet art. Pour les auteurs, ce ne fut donc pas une partie de plaisir, parce que le lectorat du magazine était aussi scindé entre ceux appréciant les innovations et les autres, étant - sans probablement même s'en rendre compte - dans l'attente d'une forme de répétition des histoires. Donc responsables éditoriaux et public ont été mis au même rang face à l'inventivité et le parti pris des auteurs de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière. Voilà pour la petite histoire. Quant à ses 330 premières pages, elles dépassent largement nos capacités à pouvoir les synthétiser. On a juste envie de vous inviter à prendre le bouquin, aussi beau qu'imposant, pour vous faire votre propre idée. Alors, vous serez subjugué par l'histoire, qui s'avère être une habile dénonciation de la cruauté et de la folie des humains. Quant aux dessins, Kevin O'Neil, Jesus Redondo et Brian Talbot proposent tous des graphismes particulièrement inquiétants. Il est rare qu'on utilise ces termes, mais leurs compositions picturales sont juste énormes. Alors pour conclure, lisez Nemesis Le Sorcier et il vous envoûtera !