L'histoire :
Tandis que les livres 8 et 9 apportent un éclairage nouveau sur l'histoire de Chasteté Brown, la belle terrienne s'étant entichée du sorcier Nemesis, et qui finira dans les bras de l'inquisiteur Torquemada afin de servir la cause, on suit son parcours, d'abord du point de vue rébellion, avant de voir l'envers côté dictature. La forme de ce qui vient, récit transitionnel, annonce la couleur, au sens propre, et le Marteau des sorciers (18 pages), introduit le début de la fin, avec l'acquisition par Torquemada de l'arme ultime pour détruire son rival. L'ultime confrontation, comme son nom l'indique, à nouveau en noir et blanc, permettant enfin d'assister au plus beau duel de l'histoire des comics underground. 5 courts récits bonus en couleur et noir et blanc relèvent quant à eux avec brio le défi de revenir sur certains chapitres en les étudiant sous un autre angle ou en insufflant un humour bienvenu dans ces Hérésies quelque peu stressantes par moments. Des petites histoires un peu potaches, telles Sorciers et magiciens, ou Tubullar Hells. Les superbes couvertures couleur originales complètent l'album.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un début peinant à relancer le suspens après des épisodes haletants, les auteurs Pat Mills, David Roach puis John Hickleton procèdent à une sorte de résumé afin de bien recoller les morceaux. Paul Staples réveille le lecteur avec son dessin aux couleurs un peu psychées, avant que Clint Langley explose tout avec Le Marteau des sorciers, dans un style assez proche de son collègue Simon Bisley : bien gore et trash. Cependant, on est davantage ravi par l'arrivée de Henry Flint, au départ accompagné de Kevin O'Neil, qui va non seulement apporter une nouvelle fraîcheur avec son style graphique plus épuré, ramener de l'intérêt en introduisant quelques autres personnages et montrer Chasteté sous un autre jour. La suite continue à garder un cap intéressant dans les récits bonus. Parmi les nouveaux personnages, Deadlock est assez classe, avec sa morgue et sa moto scie faisant de lui un parfait mix entre Judge Dredd et Ghost Rider. Une sorte d'hommage ? Le peuple rebelle des mandragores est aussi intéressant, tout comme «le comptable», Serial killer Zardar, sous-fifre de Torquemada. Néanmoins, et alors que tout cela se passe désormais à la surface, on sent un rapprochement presque évident avec la série phare Judge Dredd de la revue 2000AD, tout comme la série ABC Warriors, du même éditeur, dont des liens en pointillé sont tissés. La fin, géniale, sera écrite dans cette dynamique. Némésis le sorcier c'est tout cela et la sensation de tenir grâce aux éditions Delirium une sorte de grimoire maudit. Peut-on faire plus diabolique, gothique et hallucinant que Némésis, sans devenir illisible ? Telle est la question que l'on se pose en refermant le tome 3 de ce comics dont le statut culte sera entièrement à mettre au crédit de son scénariste Pat Mills, ayant réussi à garder le cap d'un récit pourtant parti dans un délire assez conséquent et glauque, mais aussi des enluminures des différents artistes convoqués. Un sans faute, mais peut-être pas de bon goût, oseront dire certains ? Tant pis pour eux…