L'histoire :
Année terrestre 2481 : Ylum, l'une des deux lunes tournant autour de la planète Marlis. Dans les sous-sols aménagés de cet astre, vit un homme aux pouvoirs étranges, se régénérant dans un bain sous cloche lorsqu'il est prit de malaises. A l'intérieur de cette solution extraordinaire, il rêve et ses rêves lui ordonnent des missions vengeresses. Horatio Hellpop, dit Magnus, règne sur une population qu'il a sauvée au fil du temps, d'esclavagistes ou de tortionnaires. Qui est-il vraiment et d'où vient-il ? Nul ne saurait le dire, à part Sundra Peale, observatrice venue sous couverture journalistique, qui gagne sa confiance et se fait expliquer son histoire familiale. Ses malaises remontent à l'âge de neuf ans, et bien qu'un drame marque sa séparation d'avec ses parents, rien n'explique leur provenance, ni la présence d'antiquités aux tréfonds d'Ylum, que Nexus protège et craint en même temps. Ce sera un des objets de lutte des différents protagonistes croisant sa route au long de ce premier tome.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
423 pages présentées façon Omnibus américain, dans un épais volume cartonné couverture satinée dos rond, comprenant 102 pages noir et blanc et le reste en couleur, voilà pour la présentation physique. Tout commence avec les premiers épisodes nous présentant Nexus, et les manigances de vilains désirant appréhender l'origine de sa puissance. Si l'on s'engage légèrement à reculons dans ce pourtant attendu premier volume - les pages noir et blanc pourtant agréables ne soutenant que peu la comparaison avec celles en couleur - il faut reconnaître une mise en bouche suffisamment originale et étrange à cette histoire pour abonder, d'autant plus que les belles couvertures des comics originaux, faisant office d'inter chapitre, brillent aussi de mille feux Pulp et nous alpaguent. Steve Rude, dessinateur dont on sait la classe du travail et combien il est devenu « bankable » depuis 1981, commençait tout juste alors, et déjà il marchait dans les traces d'un Russ Manning. Trait souple, encrage onctueux et un certain sens de l'épure participent du charme opérant sur le lecteur découvrant son œuvre de base. Les couleurs de Les Dorscheid, sur la majorité des épisodes, ajoutant la touche typique de ce comics parmi les plus significatifs et funs de ces années quatre-vingt que l'on ne finit pas de redécouvrir. Si Steve Rude nous charme, comme peuvent le faire d'autres talents tels Dave Stevens, Mark Schulz, ou bien encore Jaime Hernandez, pour rester dans cette génération d'auteurs au trait souple, le scénario de Mike Baron fait preuve d'une belle inventivité. Aussi, c'est à un mix de 2000AD, la revue culte SF britannique, à laquelle on pense parfois, dans l'irrévérence et le rythme, tout comme aux Tortues Ninja du duo Kevin Eastman - Peter laird, et au moins aussi à American Flagg, d'Howard Chaykin, peut-être pour l'humour et les scènes de combat (superbes épisodes dans le monde bol avec le Blaireau, un anti super héros improbable de beaufitude). Mais ne nous y trompons pas, cette dernière référence partage aussi une vision politique avec Nexus, nous gratifiant au passage d'une réflexion sur le pouvoir, l'amitié et la confiance, assez rare. Auquel s'ajoute une beau suspens de recherche des origines, sous couvert de fouilles archéologiques, élément fantastique dans un comics de Space Opera où la sensation de bien-être surpasse les situations les plus noires. Tout le talent du duo Mike Baron - Steve Rude, que l'on a hâte de retrouver dans un tome deux, puisque l'action est en cours... Nexus est exaltant et fun, et Delirium nous le sert sur un plateau d'argent, avec une belle introduction du traducteur Alex Nikolavitch et deux épisodes bonus. Que demander de plus ?