L'histoire :
Skizz, interprète extraterrestre originaire de Tau Ceti, est en route pour une conférence minière lorsqu'il s'écrase sur Terre, planète primitive qu'il est fortement conseillé aux voyageurs intersidéraux d'éviter. L’espèce dominante qui la peuple est réputée être souvent irrationnelle, matérialiste, et de surcroît, très agressive. En effet, traqué dès son arrivée, il réalise qu'il n'y a qu'une façon de survivre à cet endroit complètement fou : repartir au plus vite. Heureusement, il va trouver quelques bonnes âmes pour l'aider : Roxy, une jeune lycéenne, et un duo de « laissés-pour-compte » : Loz et Cornélius. Le trio va néanmoins avoir fort à faire avec l'inquiétant inspecteur Owen et ses sbires...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur un début d'histoire somme toute assez classique de la chute sur Terre d'un extraterrestre qui va devoir survivre, pour qui connait l'univers comics, Alan Moore, scénariste « punk » ne mâchant pas ses mots et ses messages, délivre un récit au vernissage familial, mais toujours critique. Familial car on est très vite pris d'empathie pour Skiiiz, cet animal traqué, recueilli par une jeune femme, évoquant, et cela n'est pas un secret, le E.T de Steven Spielberg, sorti quelques mois plus tôt. D'ailleurs, les personnages eux-mêmes s'amusent de la situation identique du début et discutent de la suite devant être apportée. Critique, car nul besoin de gratter longtemps pour effriter la joliesse du propos. Le trio de personnages principaux est constitué d'une punkette certes mignonne, mais en rébellion avec son père, dont la relation avec la bête pourrait vite dériver comme dans Howard the Duck ; d'un beau gosse sympa, mais Biker au blouson noir traînant la zone –« quelle malchance » dirait l'establishment - et comble de l'ironie : d'un « psycho », mec au grand cœur mais très borderline. Ce beau monde se retrouvant confronté à un système policier gangrené par la folie et la haine d'un individu raciste et (donc) malade : l’inspecteur Van Owen. Tout cela se fait néanmoins sous la forme de l'humour (britannique), et les bandes de jeunes défilant pour une manifestation sans fondement, les rats faussement pestiférés lâchés dans le centre de détention, les motards et bus à impériale bloquant le processus de traque policière, jusqu'au grand final, visent un parallèle assumé et un peu moins naïf du classique Amblin Entertainment. Si la couverture au dessin burlesque et aux tons magenta, jaune et bleu annonce un peu faussement un bouquin uniquement rigolo, le contenu noir et blanc intérieur de toute beauté, œuvre de Jim Baikie, (Judge Dredd et Future Shocks, précédemment publiés chez le même éditeur), avec un encrage top et un style réaliste ici un peu dans l'esprit d'Arthur Ranson (L'Exécuteur), donne du peps et un ton adulte à un album que l'on dévore avidement. Vivement les suites, car oui, il y en aura deux !
