L'histoire :
1908, Tungus, Sibérie. Au milieu d'une forêt ravagée par la chute d'une météorite, un trappeur cosaque erre parmi les restes encore fumants. Alors qu'il est attiré par un festin de Mammouth préparé en son honneur (...) une créature géante humanoïde s'en prend à lui, l'obligeant à la copulation. Un embryon est dans l'instant mis au jour, puis, protégé dans une cosse d'alliage fondue par la créature, envoyée au loin, telle un missile. Dix ans plus tard, en Californie, un couple de fort piètre engeance, des paysans, assiste à la chute de celle-ci. La femme, bigote et ayant eu une vision d'enfant par un ange, croit à la réalisation divine, tandis que lui, sceptique, va subir les affres d'un bébé extraterrestre aux mœurs sauvages et ultra violentes. Ce n'est que le début d'une longue saga, qui va se confondre avec l'avènement, 20 ans plus tard, du premier super-héros de l'industrie naissante des comic books.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Essayer de résumer The Maximortal est une gageure, tant le propos de son auteur, Rick Veitch, puise dans la culture alternative. Ce livre pourra se révéler déstabilisant pour beaucoup, aussi faut-il immédiatement le restituer dans un contexte de contre-culture née à la fin des années 50. Une vision d'une autre Amérique a commencé à émerger vraiment à cette époque, avec un discours politique engagé qui n'a fait que s'exacerber au long des années soixante et soixante-dix ; les années quatre-vingt en devenant le pinacle au niveau des comics grâce aux éditeurs alternatifs tels Rip of Press, Fantagor, Kitchen Sink Press, Pacific comics...etc. Après avoir collaboré pour Epic et Alan Moore chez DC (sur un cours passage de Swamp Thing), Rick Veitch créé le label King Hell et publie entre autre Brat Pack et The Maximortal. Ce dernier lui donne l'occasion de revisiter à la sauce punk le mythe du super héros, et plus précisément celui de Superman. Dans Maximortal, ce «TrueMan» (son nom de scène, créé par deux juifs new Yorkais qui vont, comme c'est bizarre, se faire méchamment spoiler par leur employeur), doté de sentiments sauvages et destructeurs, devra être retenu contre son gré au cours d’une vingtaine d'années dans sa cosse d'origine, avant d'être utilisé dans le cadre du projet atomique Manhattan. Un parcours détonant et ubuesque, au cour duquel on croisera aussi bien Sherlock Holmes, que Albert Einstein, William Gaines, Fredric Wertham, et le Major Malcolm Wheeler-Nicholson (alias Sid Wallace), voire Jack Kirby, en Guest Star, page 140 à 144. Tous quasiment sont affublés ici de noms loufoques par souci de légalité, ceux-ci dissimulant cependant à peine leur réelle identité. Si l'histoire avance avec un relent mystique, nécessaire à toute mythologie, et qu'il amène une part de mystère et de fantastique bienvenue dans le récit, il s'avère cependant un peu déstabilisant à la longue des sept chapitres, se rendant responsable, dans le dernier, d'une complexité qui pourra laisser le lecteur perplexe. Néanmoins, Rick Veitch, dont le dessin très stylé indé Eighties, c’est à dire un peu frustre, veille à diffuser de nombreux éléments historiques intéressants dans le récit. Et s'il use pour cela d'une parodie frisant le mauvais goût («Sid Sans burnes» Wallace, patron radin acariâtre et sanguinaire des Éditions de comic books Cosmo : alias des éditions DC), c’est la raison pour laquelle on lui pardonne ce final légèrement déroutant, offrant cela dit sont statut de récit SF adulte déglingué absolu à The Maximortal. Superman n'a jamais existé. Dans le monde de Rick Veitch, il s'appelle Maximortal, et il nous grille tous. A moins que de sadiques et fols businessmen ne l'aient utilisé à leurs despotiques desseins. Mortellement super !