L'histoire :
Octobre 1967 : après cinq mois et demi de récupération à Honolulu, suite à ses blessures, Scott "journal" Nethammer reprend l'avion afin de retrouver le conflit. Il rejoint une unité d'infanterie sur le delta du Mékong. Là, parcourant les zones fluviales, il accompagne le quotidien de ceux qui fouillent chaque embarcation. Dans La plaine de roseaux, à bord d'un PACV - engin flottant à hélice - mais aussi à pied, il va s'aventurer dans des zones à risques, afin de prendre l'ennemi à revers. A l'occasion d'une libération d'otages, il va retomber sur le nocif Rhein, soldat corrompu et sadique. L'épisode DakTo va le mettre en grand danger, isolé au sein d'une famille qu'il souhaite aider, mais dont le fils aîné est engagé auprès des VietCongs. Sa participation à la reprise de la colline 375 lui laissera un goût amer, tandis que Extraction ne le voit que rapporter l'épisode du Spec 4 Monroe Berry, docteur obligé de se faire abandonner dans la jungle suite à une extraction empêchée, afin de porter secours à un lieutenant blessé tombé au sol.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un fort sentiment « d'inventivité » nous étreint dans ce tome retraçant des épisodes pourtant vécus. Chacun comporte son lot de surprises et on s'étonne de constater combien un simple récit de guerre peut apparaître intéressant. Intéressant au point de se dire, en tournant les pages : « bon sang, quel talent, quel courage, quelle dinguerie, quel bourbier ! " En fait, là réside toute la force et la différence d'une série comme Vietnam Journal, comparée à d'autres récits de guerre « classiques » que l'on soupçonne, avec recul, d’être copiés sur d'autres, tout simplement. Il leur manque la réalité, il leur manque les détails, qui font qu'une simple sortie en hélico ou un bivouac dans la jungle puissent prendre une dimension tout de suite plus haute lorsqu’ils sont racontés et dessinés par Don Lomax. Précision du propos, avec dates, lieux, noms des bataillons, matériels utilisés, et surtout vue à hauteur d'homme, et d’un civil pour le coup, puisque « Journal » est correspondant de guerre. Critique politique enfin, car un cœur bat encore en l'être humain vivant ces épisodes souvent tragiques. Car si les compagnons de route de Scott (d'infortune pourra-t-on dire) en ont aussi un, de cœur, il leur est difficile en tant que soldats aux ordres de faire la part des choses, bringuebalés dans un bourbier qu’ils subissent, tels des pions sur un échiquier. Des chiffres de pertes mesurés par la hiérarchie chaque jour, tandis que Scott assure de son côté un autre comptage, lui permettant de donner un sens à tout cela. Par exemple celui du lieutenant Edward, ayant donné sa vie lors de la prise de la Colline 875 pour sauver celle de cinq de ses hommes. Toutes les collines ou côtes à prendre ou reprendre à la guerre se ressemblent, surtout à l’aune de ceux qu'on y a laissé. Un roman graphique fort, agréable graphiquement, émouvant, sincère, humain, uppercut souvent. Indispensable.