L'histoire :
Lance Hansen se souvient de son enfance en essayant de traduire au plus juste le sentiment du moment. La première chose dont il se souvient, c'est du caractère de son petit frère. Nicky était un teigneux, une « grande gueule », et ce comportement lui attirait souvent des problèmes. Lance se souvient aussi de l'angoisse qui était née en lui, après une émission télévisée qui laissait entendre que l'apocalypse nucléaire était pour bientôt. Dès lors, ses leçons de catéchisme et cette punition ultime s'étaient étroitement liés. Lance se souvient aussi d'impressions fugaces, comme lorsque, dans la piscine de la cour, aux derniers jours de l'été, il jouait dehors jusqu'à ce que la nuit tombe... Ou ces samedis matins passés à jouer au soldats de plombs, à regarder la télé, à lire des Mad et à glander. A Thanksgiving, la famille allait chez sa tante, qui habite au bord de lamer. Cela se traduisait pour Lance par des chasses au trésor sur le rivage, pour trouver des algues qui claquent entre les doigts, des coquillages en forme d'escargots ou des morceaux de verre polis par le ressac. A l'époque, il avait un copain, un bon copain, mais qui le mettait parfois mal à l'aise : Ralphie Bellows. Ralphie dessinait des croix gammées sur les murs ou tuait gratuitement des petits animaux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un format souple, carré et noir et blanc, Ne pleure pas propose frontalement et clairement un « exercice de Madeleine de Proust ». Sous le prisme de l'autobiographie tout d'abord – légèrement teinté de fiction dans sa forme finale – l'auteur Lance Hansen ambitionne en effet de restituer sous forme séquentielle, et au plus juste de ses sentiments de l'époque, les moments marquants de son enfance, des émotions parfois bien plus complexes qu'on ne les reconstitue en pensées une fois adulte. Expérimentale, l'idée est d'essayer de tutoyer un petit quelque chose sur la nature de l'enfance. Cela peut-être une impression fugace dénuée de tout propos (le motif libellule sur la robe d'une copine) ou des angoisses et des petits plaisirs beaucoup plus construits sur le plan de l'intellect. A défaut d'être pleinement passionnante pour le lecteur, la démarche est plutôt réussie dans son ambition et mérite à ce titre le détour. A la lecture, chacun s'essaiera logiquement de se remémorer un instant, une anecdote ou une angoisse, en essayant de l'embrasser avec une âme puérile, par souci d'authenticité. En ce sens, le traitement graphique trouve lui aussi une juste traduction : le trait est simple, ultra-lisible, presque enfantin, mais pas amateur pour deux sous.