L'histoire :
C'est en 2028 que les premiers processeurs d'I.A. ont été commercialisés à grande échelle, donnant naissance à la première génération d’androïdes qui a révolutionné le monde. Mais ce n'était que la première étape. Uploadés sur le réseau, ils créèrent une conscience aux fonctions d'assistanat, devenant la première génération de «schematas». Reposant sur des licences gratuites, ils permirent la fondation d'un nouveau langage organique entre hommes et machines. Cette nouvelle ère s'inscrivait dans la philosophie des Lumières et avait vocation à améliorer la démocratie, à concourir à un monde meilleur. L'Humanité, accompagnée désormais par des androïdes sensibles, aurait pu redéfinir l'intégralité du concept des relations sociales mais la M.F.C.T (Mutualité des Fonds de Commerce Transocéanique), une alliance des plus grandes corporations de la planète, n'est pas restée immobile face à ce mouvement mondial, qui remettait en cause son pouvoir économique et allait inéluctablement réduire les profits. Ils créèrent Gorgona, un macro-schémata d'entreprise, avec une stratégie claire : s'implanter partout, y compris dans les foyers. La M.F.C.T arriva en deux ans à son objectif : contrôler par ce moyen toutes les relations qui régissent l'économie et la vie sociale. Les schématas originaux furent relégués au Dark Web, puis, très vite, déclarés clandestins car impliqués dans des piratages. Ils furent enfermés dans des câbles transocéaniques, où ils continuent d'exister et d'apprendre en secret...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fernando Dagnino roule sa bosse dans l'industrie du comics depuis plus de 10 ans. Le dessinateur espagnol a fait le bonheur des fans de Sup', a animé la série Suicide Squad (entre autres, chez D.C) et qui a pu lire Tarzan on the Planet of the Apes (chez Dark Horse) a pu se rendre compte de son incroyable talent de graphiste. Pour la première fois, il signe chez les Editions Réfexions un récit en tant qu'auteur complet. La première des choses qu'on peut dire, c'est que la littérature de Phillip K. Dick a dû marquer son imaginaire, et à n'en pas douter l'esthétique surpuissante de Blade Runner. Puisque la BD est l'art de la narration graphique, avant de vous parler de l'histoire en elle-même, on peut que rester baba, page après page, tant le découpage s'avère impressionnant, quand les dessins sont d'une précision et d'une élégance rares. Fernando Dagnino mixe techniques classiques et digitales et le noir et blanc de ce premier volume est une preuve, s'il en fallait, qu'il se classe parmi les maîtres du comics. L'architecture de la ville du futur, les décors et ambiances pleines de domotech nous transportent dans un univers avec lequel on est immédiatement familiarisé, mais qui s'avère fascinant de la première à la dernière page. Voilà pour la forme. Quant au fond, Yuki, cette Smart Girl, à savoir un robot-esclave, a été programmée pour aimer son maître, un homme peu recommandable. Porteuse d'enjeux qui la dépassent, elle se trouvera au centre d'une course-poursuite qui interroge ce qui caractérise l'humanité. On ne vous en dira pas plus, mais si le récit est bien rythmé et spectaculaire, il se révèle particulièrement intelligent avec cette question dont il traite : comment des machines qui se dotent d'une conscience finissent par être plus bienveillantes que les hommes qui les ont crées ? Le thème que Fernando Dagnino éveloppe est donc classique. Smart Girl est un bouquin qui vous attrape d'emblée et qu'on a envie de poser qu'une fois terminé, en attendant sa suite. Un seul bémol cependant : quelques coquilles qui jalonnent l'album, mais c'est le seul regret qu'on pourra formuler !