L'histoire :
Des auteurs du monde entier adaptent graphiquement Lewis Carrol, Dostoievski, Melville, Flaubert et bien d’autres. Et par exemple, Kubla Khan de Samuel Taylor Coleridge, par Alice Duke. Ce poème de 1797 est mis en image sur 8 planches à la manière des anciens livres de contes. Les paragraphes s’inscrivant dans les images qui transmettent l’atmosphère de puissance et de magie des vers. Vers qui, on l’apprend dans la préface, sont directement importés de paradis artificiels opiacés, dont l’auteur reviendra avec le texte en tête, qu’il couchera aussitôt sur papier. Malheureusement interrompu par une visite impromptue, Samuel Taylor Coleridge écourtera sa création qui deviendra un poème, plutôt qu’une épopée. Et aussi La complainte du vieux marin (du même auteur), vue par Hunt Emerson ; ou Oliver Twist de Charles Dickens, mis en image et en onomatopées par Kevin Dixon ; ou Salammbô de Flaubert, stylisé par Philippe Druillet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enorme ! C’est ce qui vient à l’esprit lorsqu’on ouvre ce deuxième volet du Canon graphique au format annuaire… d’antan. L’accroche est efficace, pleine de promesses… Hélas, à l’instar du premier opus, l’inégalité prévaut dès les premières pages. Une impression fourre-tout, comme si un impératif de remplissage faisait partie du cahier des charges. Trop souvent, l’adaptation n’est que partielle. Parfois, ça ne rime à rien (Feuilles d’herbe, Crime et Châtiment…). Parfois, c’est brillant (Les Hauts de Hurlevent, Salammbô, Jabberwocky…). Parfois, c’est anodin (Alice au pays des merveilles). L’attente, née d’une présentation réussie, fait long feu. Et le résultat ressemble davantage à un catalogue qu’à une série d’adaptations de « classiques de la littérature ». Il reste que les préfaces sont intéressantes et que l’ensemble est intellectuellement stimulant. On apprend des anecdotes sur les auteurs et les œuvres elles-mêmes. Comme par exemple sur Charles Darwin, qui a gardé au chaud pendant 20 ans ses conclusions avant d’écrire De l’origine des espèces dans la précipitation, puisqu’un chercheur de 14 ans son cadet parvenait au même raisonnement que lui sur l’évolution. C’est donc un ouvrage qui, s’il déçoit par l’inconstance des adaptations, ravit par la richesse éducative qu’il recèle. Avec en outre, une durée de vie assez longue, telle une encyclopédie à parcourir de temps à autre.