L'histoire :
Il avait survécu au test. Phil Resc fit justement remarquer à Rick que leur précédente victime, Garland, avait sans doute dû vouloir les monter l'un contre l'autre. Mais d'évidence, Phil était humain comme le prouvait son attention renouvelée à son animal de compagnie, son écureuil. Néanmoins Rick avait remarqué autre chose chez son collègue : son appétence à tuer. Et c'est sûrement cette déviance maladive qui l'avait confondu un temps avec un androïde. Si le test avait été concluant, ils se seraient d'évidence entretués, l'un par déontologie professionnelle, l'autre afin de continuer à faire ce qu'il aime. Pourtant, leurs deux attitudes interrogeaient une même réalité : la frontière de plus en plus ténue entre humains et humanoïdes. Pourquoi réformer des machines qui aspiraient tant à vivre en paix ? Luba Luft était si belle, de surcroît...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sans vouloir trop en dire, Rick Deckard a fini par l'avoir, son animal de compagnie : une chèvre, une vraie ! Mais à quel prix ? Confronté à la passion criminelle de son compagnon, le chasseur de prime s'interroge sur le sens de sa mission. Et ainsi Philip K.Dick de renchérir : pourquoi « réformer » des êtres qui aiment tant la vie ? Certes ils avaient tué, mais comme l'auraient fait des hommes pour sauver leurs misérables existences. Alors pourquoi ? En quoi sont-ils si différents de nous ? En vertu de quelle tare sont-ils condamnés ? Après tout, les animaux électriques étaient bien tolérés... Avec ce quatrième tome, les interrogations se multiplient. Toutes autour de la même problématique existentielle, « humanitaire » (au sens étymologique du terme). Notre héros s'accroche à ses certitudes qui s'amenuisent. Il se retranche derrière son étique professionnelle et son rôle d'exécutant. Pourtant, le ver est dans le fruit et l'on devine – on sait – qu'il n'en sortira pas indemne. L'album présente formellement des qualités identiques au précédent : la traduction intégrale du texte restituée intelligemment et des réserves graphiques peu ou prou toujours de mises. Le lecteur se complait toutefois dans cette profondeur et noirceur de trait, pénétrante et sombre, créant une ambiance de fin de règne. A suivre.