L'histoire :
Le climat de paix entre les hommes et les singes, instauré et ardemment défendu par « l'archonte » simiesque, est en réalité très précaire. En effet, en ce jour tragique, un individu en tenue de commando atterrit à l'improviste, arme à la main, au milieu de l'agora. Il canarde l'archonte à bout portant à l'aide d'un fusil mitrailleur, sans lui laisser la moindre chance. Puis il s'enfuit, laissant la communauté simiesque orpheline de leur leader et... revancharde. Notamment l'une des filles adoptives de l'archonte, Alaya, la voix du conseil, est terriblement affligée. Elle convoque aussitôt l'autre fille adoptive de l'archonte, Sullivan, une jeune femme enceinte qui sert de « maire » à la communauté humaine. Elle lui explique la situation critique : les singes veulent venger cet assassinat. Il faut leur livrer le meurtrier dans les deux jours ou la guerre inter-espèces sera réactivée. Une fois l'entretien terminé, Alaya descend dans les bas-fonds pour parlementer avec Nix, un gorille emprisonné pour son extrême violence. Elle lui propose le pardon s'il accepte de réactiver un groupe armé et de se mettre à la recherche de l'assassin. Nix accepte, bien entendu... Pendant ce temps, Sullivan mène son enquête au sein de sa communauté humaine, notamment au sein de l'« Eglise » tenue par frère Kale, qui vénère un obus antique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La planète des singes, le roman originel de Pierre Boulle est une œuvre d'une richesse extraordinaire. Elle est un chainon manquant, une jonction géniale entre la fantasmagorie de la science-fiction et les réflexions socio-politiques qui fondent notre civilisation. Le cinéma en a tiré plusieurs adaptations, diversement réussies et/ou pertinentes... Il était temps que le 9ème art s'y penche à son tour. La présente édition de ce comic importé par Emmanuel Proust couvrira 3 volumes (de 4 épisodes chacun). Extrapolé par l'américain Daryl Gregory et dessiné par le brésilien Carlos Magno, il relate un épisode inédit mais relativement fidèle à l'univers Boullesque et à sa problématique. En dépit du titre trompeur, il ne s'agit donc pas d'une énième adaptation ; juste d'un épisode se déroulant 1300 ans avant le roman de Boulle. Le contexte est un équilibre social fragile entre les communautés des singes et des hommes. Car un acte terroriste ravive des tensions qui ne demandaient qu'à se réveiller, au terme d'une guerre qui s'était terminée autour d'un accord anti-armement. Comme souvent dans les comics du genre, le dessin de Magno cadre la plupart du temps les personnages de très près (c'est toujours ça de décors en moins à fournir ?). Maîtrisé et appliqué, quoiqu'académique dans son style, son trait réaliste se laisse volontiers aller à quelques belles scènes posées, ou grandiloquentes, qui renforcent une impression de manichéisme (notez, sur la couverture de Karl Richardson, comme le singe a l'air très-très méchant !). Sur un rythme narratif un peu laborieux, mais cohérent au final, ce premier volume met clairement le feu aux poudres. A son terme, vous connaîtrez l'identité de l'assassin, mais vous devrez patienter pour découvrir les conséquences de ses actes, sans doute terrifiantes...