L'histoire :
1er juillet 1916 : comme tous les dimanches matins, après la messe, le Général Douglas Haig, commandant en chef du corps expéditionnaire britannique, fait une petite marche dans le domaine du château de Beaurepaire. Durant l’après-midi, il se promène à cheval, accompagné de son aide-de-camps, pour surveiller les préparatifs de la grande offensive contre les allemands, dont les positions ont été pilonnées durant plusieurs semaines. La campagne picarde grouille de militaires : des convois vont approvisionner les premières lignes, pendant que des soldats s’affairent à charger et à décharger des obus, à soigner les chevaux ou à positionner de gros canons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joe Sacco, qui a grandi en Australie, a été marqué dans son enfance par les célébrations, chaque 25 avril, de l’anniversaire du débarquement de l’ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps). Quand un de ses amis, rédacteur d’une revue américaine, lui a demandé de travailler sur un projet relatif à la grande guerre, il a eu cette idée géniale de relater chronologiquement la première journée de la Bataille de la Somme, sur une fresque de 7 mètres de large. Pour raconter ce jour des plus meurtriers de l’humanité, Sacco a fait un travail de recherche sur des archives photographiques, des ouvrages historiques. Il s’est fait conseiller par des chercheurs pour être le plus fidèle possible au contexte. Ce « récit » muet et monochrome fourmille de détails et on peut passer de longues minutes à observer chacun des tableaux de ce leporello (livre accordéon). Malgré cette densité graphique avec ses multiples explosions et ses centaines de soldats, la lecture est aisée, « confortable ». Passées les premières pages qui décrivent les préparatifs des soldats, pour certains pleins d’illusions, parfois souriants, on bascule rapidement vers l’horreur avec des centaines de morts qui s’amoncèlent, d’innombrables mutilés (58 000 victimes dont plus de 19 000 morts pour la journée du 1er juillet 1916). La force du travail de Sacco est de retranscrire sans texte, mais avec justesse, l’inimaginable enfer qu’ont vécu ces soldats (souvent volontaires) venus défendre notre pays. Pour accompagner cette fresque, un carnet (en allemand et en français) éclaire le lecteur et décrit les faits marquants de cette première journée de guerre.